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La mini-chirurgie en médecine de famille

La mini-chirurgie en médecine de famille
« C’est vraiment l’aspect technique qui m’a interpellé, c’est quelque chose que j’aime beaucoup. » – Dre Ingrid OlsenPhoto : Shutterstock

Durant mon stage d’externat en médecine de famille, j’ai découvert la clinique de mini-chirurgie, une pratique de la médecine de famille qui m’était inconnue.

J’ai rapidement été très intéressée par les techniques chirurgicales, les pathologies, les connaissances des résidents et des médecins ainsi que les opportunités de pratique dans le futur.

Je vous présente ici, mon entretien avec Dre Ingrid Olsen, médecin de famille au GMF des Deux‑Rives à Sherbrooke, qui a choisi de faire des mini-chirurgies, une partie intégrante de sa pratique.

Son parcours académique
Dre Olsen a terminé sa résidence en 1994 à l’Université de Sherbrooke en médecine familiale. Après avoir terminé sa résidence au GMF des Deux-Rives, elle décide d’y rester pour poursuivre sa carrière et s’oriente tout de suite vers la périnatalité.

Ce n’est lors de la création de la clinique de mini-chirurgie, il y a environ 15 ans, que Dre Olsen introduit la mini-chirurgie dans sa pratique.

Qu’est-ce que la mini-chirurgie en médecine de famille?
La clinique de mini-chirurgie, située à l’UMF des Deux-Rives, est ouverte une fois par semaine. Le personnel est composé de médecins, de résidents et d’infirmières. Les patients sont référés à la clinique de chirurgie mineure par les médecins de la clinique à la suite d’une consultation. Ils acceptent également les patients de médecins d’autres cliniques. Lors d’un rendez-vous, les médecins et résidents effectuent une revue des raisons de la visite à la clinique, puis font les interventions chirurgicales. Une infirmière est présente lors de la clinique pour assister, faire les pansements, donner des conseils aux patients, organiser un rendez-vous de suivi pour le retrait des points de suture, envoyer les spécimens en pathologie et faire le suivi de la réception des rapports de pathologie.

Les résidents ont ainsi l’opportunité de parfaire leurs habiletés sous la supervision de médecins expérimentés dans ce domaine.

Pourquoi faire de la mini-chirurgie?
« C’est vraiment l’aspect technique qui m’a interpellé, c’est quelque chose que j’aime beaucoup. C’est d’ailleurs quelque chose qui est aussi très présent en obstétrique. J’ai toujours eu aussi un intérêt pour la dermatologie, ce qui est étroitement liée avec la mini-chirurgie. »

Les connaissances en dermatologie sont d’ailleurs un atout selon Dre Olsen. En effet, il arrive qu’un patient soit référé à la clinique puis, après évaluation, le diagnostic initial est changé et la chirurgie n’est plus nécessaire. Un nouveau plan de traitement est alors établi.

« De plus, la mini-chirurgie est différente d’une journée de consultations au bureau. Entre collègues, on se dit qu’on va se reposer puisque la réflexion est moindre, le questionnaire médical est plus succinct et ce sont davantage des gestes techniques. Cela donne une pause de cheminement clinique! »

Que sont les types de cas les plus fréquemment rencontrés?
« En chirurgie mineure, on fait surtout des biopsies au poinçon ou des biopsies excisionelles en forme d’ellipse pour des lésions atypiques. Aussi, des kystes sébacés, des onysectomies partielles ou complètes pour des ongles incarnés, des exérèses de corps étranger, des drainages d’abcès et des exérèses de lésions bénignes plus dérangeantes comme des acrochordons par exemple. On utilise d’ailleurs le rasage et la cryothérapie. »

Quels sont les défis pour la pratique de la mini-chirurgie?
Le matériel pourrait être un enjeu, mais à l’UMF des Deux-Rives, la clinique de mini-chirurgie est considérée comme une clinique externe au CIUSSS et donc le matériel leur est fourni.

La stérilisation du matériel est aussi à prendre en considération. Elle peut se faire localement, mais un service est aussi offert à l’UMF par le CIUSSS; un ramassage se fait environ une fois par semaine à la clinique.

« C’est sûr qu’il y a une logistique derrière tout ça. »

L’utilisation d’instruments jetables est aussi une option aux difficultés liées à la stérilisation. Bien que peu favorable pour l’environnement, certains instruments peuvent être recyclables.

Existe-t-il des formations pour les médecins qui voudraient améliorer leur connaissances en mini-chirurgie?
Il y a parfois des congrès où des présentations portent sur la mini-chirurgie en médecine de famille. Ce sont des occasions où il est possible d’échanger sur divers sujets.

Cependant, la majorité des médecins ou résidents qui ont un intérêt pour la mini-chirurgie vont apprendre via l’exposition.

Des articles sont aussi publiés dans Le Médecin du Québec à ce sujet. « À la suite d’un article, nous avons retenus quelques éléments qui ont influencé le fonctionnement de la clinique actuelle ».

Comment sont gérées les complications en mini-chirurgie?
« Je n’ai jamais vu de grosses complications en mini-chirurgie. On voit de temps en temps des patients qui font un choc vagal parce qu’ils ont peur des aiguilles. Certains peuvent rester avec nous une demi-heure de plus sur une civière en attendant de se sentir mieux. Occasionnellement, des patients reconsultent pour des plaies surinfectées, la plupart via la clinique de sans rendez-vous de l’UMF ou alors via l’infirmière de chirurgie qui va assurer le suivi. »

Est-ce que la mini-chirurgie peut être appelée à faire des procédures esthétiques?
La clinique de mini-chirurgie de l’UMF fait partie du système public et donc les actes sont remboursés par la RAMQ. Il ne se fait pas de procédure uniquement esthétiques.

Dans le cas de pathologies bénignes, une intervention sera considérée si la lésion a un impact fonctionnelle dans la vie du patient. Par exemple, un acrochordon qui, par sa localisation et sa taille, est accrochant et devient souvent irrité.

Avez-vous des conseils pour les futurs médecins de famille qui souhaitent se diriger vers la mini-chirurgie?
« Essayer de trouver des occasions de se pratiquer le plus possible; ce n’est pas très sorcier, il suffit d’avoir un intérêt. De plus, la mini-chirurgie est aussi une belle occasion d’améliorer ses connaissances en dermatologie. »

À PROPOS DE L’AUTRICE

Flavie Dutrisac
Étudiante en 3e année de médecine à l’Université de Sherbrooke, promotion 2024.
Co-présidente du GIMF Sherbrooke depuis l’autonome 2022.

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