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Démystifions les PREM en médecine familiale!

Démystifions les PREM en médecine familiale!
L’un des principaux objectifs de cette initiative est de promouvoir et d’encourager de nouveaux médecins de famille à installer leur pratique dans les régions les plus nécessiteuses.Shutterstock

Pour pratiquer la médecine de famille dans le système de santé publique au Québec, il est obligatoire de se conformer aux Plans régionaux d’effectifs médicaux (PREM). Vous avez peut-être entendu parler de ce concept au cours de votre formation en médecine, mais qu’est-ce que c’est exactement? Le Groupe d’intérêt en médecine familiale de l’Université McGill a mené un sondage auprès des étudiants. Le sondage a révélé que seulement 42 % des étudiants ont entendu parler des PREM, dont seulement 7 % était dans le cadre académique. De plus, selon ce même sondage, 93 %[1] des étudiants croient qu’il est nécessaire d’être davantage informé sur le sujet. C’est pour toutes ces raisons qu’on s’est dit qu’il est important de démystifier le système des PREM.

Élaborés par le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) et la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ) depuis 2004, les Plans régionaux d’effectifs médicaux s’adressent à tous les médecins de famille qui exercent dans le cadre du Régime public d’assurance maladie du Québec (RAMQ). En effet, lors de l’avènement de ses plans, un problème perdurait dans le réseau de santé au Québec depuis plusieurs décennies; il était particulièrement difficile pour le gouvernement québécois d’assurer la conformité des services de santé à travers les diverses régions de la province. En particulier, les médecins avaient tendance à privilégier les zones urbaines et délaissaient les régions.

Cette initiative vise donc à promouvoir l’équité d’accès aux services médicaux en ayant un objectif précis de recrutement de médecins de famille pour chaque région administrative de la province. Les PREM sont révisés et ajustés à tous les ans et entrent en vigueur en décembre selon les écarts entre les effectifs disponibles et les besoins de la population à combler en médecine de famille. L’un des principaux objectifs de cette initiative est de promouvoir et d’encourager de nouveaux médecins de famille à installer leur pratique dans les régions les plus nécessiteuses. Celles-ci sont souvent plus éloignées des zones urbaines et possèdent une population plus vulnérable. Selon Louis Godin, l’ancien président de la FMOQ, ce système permet d’éviter une énorme pénurie de médecins en région.

Ainsi, deux conditions principales doivent être honorées par tout médecin de famille pratiquant dans le cadre du RAMQ : ceux-ci doivent 1) détenir un avis de conformité aux PREM qui les autorise à s’installer dans une région et 2) y consacrer au moins 55 % de ses journées de facturation durant l’année. Le non-respect de ces deux exigences peut mener à une réduction allant jusqu’à 30 % de l’ensemble de sa rémunération. Les médecins de famille détenant un PREM sont limités au niveau du territoire géographique où iels peuvent pratiquer, mais ces permis ne limitent pas le milieu de pratique (CLSC, hôpital, GMF, clinique). Les PREM ne sont pas à confondre avec les PEM (plans d’effectifs médicaux), des plans d’organisation qui encadrent le nombre de médecins qui peuvent exercer dans un certain établissement (un CLSC, par exemple).

Activités médicales particulières (AMP)

Les médecins de famille travaillant au sein du système public doivent consacrer une partie de leur pratique à des Activités médicales particulières (AMP). Le nombre d’heures consacrées à ces AMP varie en fonction des années d’expérience du médecin.

Les 3 blocs d’AMP et leurs catégories respectives

Les exigences de base pour les médecins de famille en pratique depuis moins de 15 ans sont de 12 heures d’AMP par semaine. Les AMP sont en place afin de combler les besoins en santé propres aux différentes régions au Québec et leur gestion relève du Directeur régional de médecine générale (DRMG). Ces derniers tombent sous trois blocs correspondant chacun à un ordre de priorité. Les DRMG doivent s’assurer de combler les besoins du 1er bloc avant d’assigner tout autre type d’AMP.

Ayant maintenant une meilleure compréhension du système des PREM, attardons-nous à son obtention. Le territoire du Québec est divisé en 18 régions et à chaque année, en fonction des besoins de chaque région, des places correspondant au nombre de médecins pouvant pratiquer au sein de celles-ci sont affichés sur le site du ministère. Par la suite, les médecins présentent une demande pour la région qui les intéresse. S’il y a plus de postulants que d’offres, il y a aura des entrevues avec la directrice ou le directeur de la région. Lors de l’entrevue, on évalue les connaissances de la candidate ou du candidat sur la particularité régionale, leur expérience, leur personnalité et plusieurs autres facteurs. Les offres seront émises après ces entrevues. Cette explication sur l’obtention d’un PREM n’a pas pour but d’être exhaustive, seulement pour vous donner une brève idée du processus. Si vous voulez plus de détails, tels que les dates pour chaque année, nous vous recommandons fortement de vous rendre sur le site de la Fédération des médecins résidents du Québec (FMRQ) ou le site du ministère de la Santé et des Services sociaux.

Quel est avenir des PREM?
En conclusion, le but des PREM est d’équilibrer les ressources et de combler les besoins respectifs de chaque région du Québec. Toutefois, les opinions sont mitigées quant à l’efficacité de ce système et certains médecins le considèrent extrêmement restrictif. Certains étudiants en médecine considèrent même que ce système est un frein pour se lancer en médecine de famille, ce qui peut être un facteur contribuant au problème d’attractivité cette spécialité. Face à ces critiques, le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, « a démontré une grande ouverture à la modification du système des PREM, ou du moins à son assouplissement. »

Quels changements faut-il effectuer et quelles mesures faut-il assouplir ou renforcer? La réponse n’est pas simple, mais elle concerne toutes les personnes intéressées par la médecine familiale.

AUTEURS

Ballick, Justin; Brouri, Syphax; Ferrante, Michael; Michaud, Maia et Wang, Jenny du GIMF de l’université McGill.


[1] Ces données proviennent d’un sondage qui a été mené auprès de 45 étudiants en médecine de l’université McGill de la première à la quatrième année de médecine. Il fut mené entre le mois d’avril et mai 2023.

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