Recevez une alerte lors de la parution d’un nouveau numéro

Espace FMOQ : L’espoir d’un temps nouveau Espace pub
img
Participez à la conversation!

La périnatalité avec Dre Auger-Bellavance

La périnatalité avec Dre Auger-Bellavance
« Ma pratique en périnatalité me passionne. Je me sens comblée, j’adore ça et je ne me ne tanne pas! Je trouve que chaque patiente vit sa grossesse différemment et j’adore faire partie du projet familial » – Dre Marie-Pierre Auger-Bellavance

Dre Marie-Pierre Auger-Bellavance est une médecin de famille qui pratique à l’hôpital Pierre-Boucher ainsi qu’au centre de périnatalité L’Autre maison à Longueuil. Elle fait également de l’enseignement au GMF-U de Saint-Hubert. J’ai eu la chance de la rencontrer lors d’un évènement 5 à 9 organisé par le groupe d’intérêt en médecine familiale de l’Université de Montréal. Lors des tables rondes de la soirée, j’ai été impressionnée par sa pratique et inspirée par son parcours. J’ai eu le privilège de la rencontrer à nouveau pour une entrevue afin d’apprendre davantage sur la pratique de la périnatalité en médecine familiale.

 

Quel est votre parcours académique?

Dre Auger-Bellavance a débuté ses études en médecine après avoir terminé un baccalauréat et une maitrise une architecture et travaillé dans ce domaine. Elle explique que, bien que l’architecture reste une passion pour elle, le manque de l’aspect humain a motivé son changement de carrière. Elle a ainsi entamé un doctorat en médecine à l’Université de Montréal et a poursuivi sa résidence au GMF-U Saint-Hubert. Dre Auger-Bellavance a ensuite terminé son programme de compétences avancées en périnatalité (R2B) afin de pouvoir orienter une partie de la pratique de sa médecine familiale vers ce domaine dès sa diplomation en 2014.

Pourquoi avoir choisi la médecine familiale comme spécialité?

Dre Auger-Bellavance raconte : « tout au long de mon externat, j’avais l’impression d’aimer tout ce je faisais en trouvant tous les stages intéressants. J’ai rapidement réalisé que j’avais un esprit curieux et intéressé par de multiples spécialités de la médecine. Vers la fin de mon externat, j’avais un coup de cœur pour le stage d’obstétrique-gynécologie, de médecine familiale, de pédiatrie ainsi que de chirurgie. Au moment d’appliquer pour une spécialité, j’ai réalisé que si je choisis la pédiatrie, je ne ferais plus d’adultes, si je choisis la gynécologie je ne ferais plus de pédiatrie et ainsi de suite. J’ai donc nettoyé toutes mes applications au CaRMS, et je n’ai appliqué qu’en médecine familiale, et je ne le regrette pas! ». Dre Auger-Bellavance rajoute : « Je pense que la principale chose qui m’a mené à choisir la médecine familiale est la flexibilité que cette spécialité offre afin de pouvoir s’intéresser à de multiples domaines et d’évoluer au fur et à mesure de mes envies et de mes intérêts ».

Comment avez-vous découvert votre intérêt pour la pratique de la périnatalité?

Durant sa résidence en médecine familiale au GMF-U de Saint-Hubert, Dre Auger-Bellavance a été exposée à l’hôpital Pierre-Boucher où plusieurs médecins faisait de la périnatalité, soit des suivis de grossesse, des accouchements, des cliniques d’allaitement et de la pédiatrie sociale. Elle raconte que lorsqu’elle a rencontré un des médecins, qui est actuellement sa collègue, elle se rappelle s’être dit en voyant sa pratique : « Wow! Ça, c’est le rêve ». À partir de ce moment-là, elle a commencé à se renseigner sur les démarches à entreprendre afin de pouvoir pratiquer en périnatalité.

À quoi ressemble un horaire de pratique mixte en médecine familiale?

Au début de sa pratique, après avoir terminé sa résidence au GMF-U de Saint-Hubert, Dre Auger-Bellavance a intégré l’équipe médicale de ce même milieu. Elle avait des tâches de supervision en étant responsable de périnatalité et en faisant de l’enseignement en chirurgie mineure, tout en ayant sa pratique de médecine familiale adulte, de suivi de grossesse ainsi que de pédiatrie. Elle a également fait de l’assistance opératoire à l’hôpital Pierre-Boucher durant une certaine période. Depuis peu, elle a intégré la clinique de périnatalité l’Autre maison. Actuellement, son horaire est donc partagé entre sa pratique à la clinique avec deux à trois journées de bureau par semaine, des accouchements avec quatre à cinq gardes de douze heures par mois, une journée par semaine à la clinique d’interruption volontaire de grossesse (IVG), tout en faisant de l’enseignement en périnatalité au GMF-U de manière ponctuelle. ç

Quels sont les avantages et les défis d’intégrer la périnatalité dans sa pratique de la médecine familiale?

Dre Auger-Bellavance répond à cette question en expliquant : « Pour moi, les avantages sont principalement en lien avec mes patientes. Ma pratique en périnatalité me passionne. Je me sens comblée, j’adore ça et je ne me tanne pas! Je trouve que chaque patiente vit sa grossesse différemment et j’adore faire partie du projet familial. J’aime quand les hommes accompagnent leur conjointe, cela nous permet d’avoir une meilleure lecture de la dynamique de couple et d’adresser les inquiétudes du futur papa beaucoup plus tôt qu’une fois arrivé dans la salle d’accouchement ». Elle rajoute : « Le fait d’intégrer la périnatalité à ma pratique de la médecine familiale me permet de garder cet aspect passionnant de la profession et ce, à long terme ».

Selon Dre Auger-Bellavance, le défi principal est l’horaire atypique de sa pratique : « Les accouchements arrivent en tout temps, que ce soit le jour ou la nuit. Cela demande une hygiène de vie équilibrée afin de pouvoir tolérer cet horaire atypique à long terme. Un autre point est le fait de ne pas avoir une semaine de travail qui ressemble à une autre. J’ai les canevas de base, mais les gardes viennent déstructurer tout ça, faisant en sorte que je n’ai pas beaucoup de régularité dans mon horaire ». Par ailleurs, Dre Auger-Bellavance rajoute : « En périnatalité, on aime les évènements heureux, on aime l’émerveillement devant la naissance d’un bébé, devant la parentalité et devant l’accompagnement des jeunes enfants. Le gros défi, c’est quand les choses vont mal. On va parfois perdre un bébé ou avoir des complications obstétricales majeures, et ce même si on met absolument tout en place. Cependant, il faut se soutenir et se rappeler que le nombre de fois où nos démarches vont porter fruit est de très loin supérieur au nombre de fois où cela ne va pas donner les résultats que l’on souhaite ».

Quel est l’aspect le plus gratifiant de votre pratique?

Dre Auger-Bellavance s’exprime au sujet de la place de l’enseignement en périnatalité dans sa pratique : « Je trouve que c’est quelque chose d’extraordinaire. J’aime beaucoup enseigner, notamment à des externes, qui ont encore la passion, l’émerveillement, le plaisir de l’exposition aux situations cliniques et le désir d’apprendre et de collectionner les expériences. D’un autre côté, lorsqu’on enseigne aux résidents, on les voit gagner en autonomie, voler de leurs propres ailes, on les voit évoluer et apprendre. Je pense que ce qui est gratifiant dans l’enseignement, c’est de voir cette évolution incroyable, le développement des réflexes. On sent que la relève est là, c’est génial ».

Elle poursuit en parlant du lien avec les patients : « C’est ça qui me fait retourner au travail. Je suis en médecine pour les patients et je me considère très chanceuse. La confiance que les gens ont en nous fait en sorte qu’on peut vraiment avoir accès à ce qu’ils vivent. Il y a une grande beauté dans le travail de docteur. » Plus spécifiquement, en parlant de ses patientes en périnatalité Dre Auger-Bellavance ajoute : « Le moment magique, c’est quand la patiente que tu connais arrive en salle d’accouchement et tu sais déjà ce qu’elle t’a dit au bureau, tu connais ses craintes. Tu sens que les interventions sont tellement plus personnalisées. Et quand on a ce lien avec une patiente, c’est extraordinaire ».

Quels sont vos conseils pour les étudiant(e)s souhaitant compléter le R2B en périnatalité?

Dre Auger-Bellavance explique : « Je pense que le conseil principal est de nommer son intérêt pour l’obstétrique et d’être ouvert à aller plus loin dans ses connaissances lorsqu’on fait un stage dans ce domaine-là. Cela permet à l’étudiant d’aller chercher un enseignement au-delà des objectifs de base du stage. Un étudiant qui nous dit qu’il a un intérêt en obstétrique, on va essayer de l’amener à un niveau supérieur afin de pourvoir commencer à aller chercher plus de connaissances dès son externat ou sa résidence. Il faut savoir qu’en périnatalité, il y a des techniques à maitriser. Donc, plus tu en as dans ta boite à outils, plus rapidement on te fera confiance et plus tu auras d’autonomie grâce aux gestes bien maitrisés ».

Moufida Lilia Mansseri
Université de Montréal, promotion 2024
Coprésidente du GIMF de l’Université de Montréal

Articles récents