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La médecine des toxicomanies

La médecine des toxicomanies
Ce sont des gens qu’on peut vraiment aider, on a vraiment une possibilité de changer des vies en faisant des traitements de dépendance — Dre Andrée-Anne Paré-PlantePhoto : Shutterstock

À l’été 2021, à la veille de mon entrée à l’externat, j’ai eu la chance de faire un stage de médecine familiale au GMF-U Charles-Le Moyne, à Longueuil. C’est là que j’ai rencontré Dre Andrée-Anne Paré-Plante, médecin de famille et chercheuse. J’ai été fasciné par sa pratique, axée sur la recherche et la prise en charge de populations aux prises avec des enjeux de toxicomanie. J’ai eu la chance de m’entretenir avec elle sur ce sujet dernièrement, et je vous présente ici un portrait de sa pratique.

Sa formation
Dre Paré-Plante a réalisé sa formation médicale prédoctorale à l’Université de Montréal. Après avoir obtenu son diplôme en 2012, elle a entamé sa résidence en médecine de famille à l’hôpital Charles-Le Moyne, avec l’Université de Sherbrooke, à Longueuil. Elle a aussi terminé un R3 dans le programme Clinicien Érudit à l’UdeS.

Dre Paré-Plante explique ce qui l’a motivée à faire le R3 en recherche :
« Au début de ma résidence, j’ai rencontré un médecin de famille qui faisait de la recherche qui m’a inspirée par sa volonté de faire de la recherche en première ligne avec les patients pour changer les soins des patients en les impliquant dans le processus de changement. »

Le médecin en question s’appelle Antoine Boivin, médecin de famille et chercheur au CHUM. Il participe à de nombreux projets de recherche de première ligne et a publié plusieurs articles sur le sujet.

Dre Paré-Plante dit qu’elle voulait aussi possiblement faire de l’enseignement et avoir une carrière académique, ce qui l’a motivée à vouloir faire le R3 en recherche pour complémenter sa formation de base.

Sa pratique en recherche
Selon Dre Paré-Plante, ce qui caractérise la recherche en médecine de famille, c’est l’aspect « interdisciplinaire, pas axé sur des maladies mais sur comment on prodigue des soins intégrés dans un contexte réaliste qui s’applique au patient ». Les méthodologies sont aussi souvent différentes que dans d’autres spécialités de la médecine, employant souvent des méthodes qualitatives ou mixtes. La recherche en première ligne – contrairement à beaucoup d’autres champs d’expertise médicale – en est qu’à ses débuts, mais est en pleine croissance depuis 10-20 ans et très vaste!

Dre Paré-Plante axe les projets de recherche auxquels elle participe principalement sur les soins intégrés dans un contexte de première ligne pour les personnes avec des dépendances ou en situation d’itinérance ou de pauvreté. Cela étant dit, elle collabore aussi à d’autre types de projets de recherche, comme des projets de résidents et de résidentes en médecine de famille au GMF-U Charles-Le Moyne, ainsi que sur des projets avec d’autres chercheurs et chercheuses. Elle travaille notamment sur un projet visant à identifier les barrières à l’accès au soins des personnes à faibles niveaux de littératie.

Le premier projet de recherche sur lequel elle est la chercheuse principale se nomme L’expérience de l’initiation du traitement des troubles liés à l’usage des opioïdes en première ligne. Le projet explore l’usage de la suboxone comme traitement de substitution aux opioïdes dans des cliniques de médecine de famille.

La médecine des toxicomanies
Plusieurs facteurs ont mené Dre Paré-Plante à orienter sa pratique vers la médecine des toxicomanies. Premièrement, lors de sa résidence à Charles-Le Moyne, elle a été exposée à cette clientèle et a augmenté son exposition à ce type de pratique. Elle a également été inspirée tout au long de son parcours par des médecins qui œuvraient auprès d’une population toxicomane, et cela, dès le préclinique. Lorsqu’elle a commencé à pratiquer au GMF-U Charles-Le Moyne, il a été facile pour elle de poursuivre son travail dans ce domaine, puisque selon elle, « il y a de très grands besoins en matière de médecine des toxicomanies sur la Rive-Sud de Montréal, donc il fut facile de se trouver une niche de pratique ».

Plusieurs choses la motivent à travailler auprès de cette population :
« Ce sont des gens qu’on peut vraiment aider, on a vraiment une possibilité de changer des vies en faisant des traitements de dépendance. Je pense que c’est une zone de pouvoir en médecine de famille qu’on n’a pas beaucoup avec d’autres types de clientèles. Ça, c’est valorisant. C’est sûr que c’est une clientèle qui n’est pas facile, mais c’est toujours intéressant quand on arrive à faire quelque chose même si c’est long. Ça peut être vraiment merveilleux et impressionnant. »

Elle rajoute :
« Ce sont des gens qui ont des histoires de vie qui ont beaucoup à nous apporter. La majorité, c’est du monde gentil, qui consomment parce qu’ils ont eu des traumas psychologiques ou physique majeurs qui consomment parce qu’ils n’ont pas d’autres solutions à leur portée. »

Il y a bien sûr des défis à surmonter avec cette population, comme leur capacité à s’organiser et à s’intégrer pour recevoir des soins réguliers. Beaucoup de ces défis sont en lien avec le « système », selon elle, qui n’est pas toujours bien adapté pour ces personnes. C’est, entre autres, pourquoi elle travaille en recherche à essayer de faciliter l’accès aux soins de cette population vulnérable.

Perspectives
Dans l’avenir, Dre Paré-Plante souhaite continuer à travailler avec des populations toxicomanes afin de favoriser de plus en plus leur intégration dans un système de soin qui leur correspond. Elle est en train de développer une clinique de proximité à Longueuil pour le traitement des gens avec des troubles d’usage aux opioïdes qui devrait prendre son envol dans les prochains mois. Elle aimerait aussi développer un service spécialisé de médecine de toxicomanie sur la Rive-Sud, comme il en existe déjà plusieurs sur l’île de Montréal.

À PROPOS DE L’AUTEUR

Félix Morin
Université de Sherbrooke, promotion 2023
Co-président du GIMF de l’Université de Sherbrooke
Je m’appelle Félix Morin et je suis étudiant en médecine en 3e année à l’Université de Sherbrooke, ainsi que co-président du GIMF de l’UdeS depuis 2021. Je suis arrivé en médecine après deux ans en Sciences de la Nature au cégep Champlain de Saint-Lambert. Quand je me questionne sur la spécialité vers laquelle je souhaite me diriger, la médecine de famille revient toujours en tête de liste. Ce sont les aspects de multidisciplinarité et d’interventions de première ligne qui m’interpellent le plus dans cette spécialité. Mon implication au sein du GIMF me permet de me familiariser avec la médecine de famille, tout en me permettant de faire des rencontres enrichissantes avec des passionné.es de ce domaine.

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