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Prévenir le suicide, une responsabilité collective

Prévenir le suicide, une responsabilité collective

Chaque année, le suicide arrache plus de 800 000 âmes à notre monde. Une personne meurt toutes les quarante secondes emportée par ce fléau encore plus meurtrier que toutes les guerres et les homicides réunis. Chaque jour, le Québec s’appauvrit de trois individus qui laissent derrière eux en moyenne trente personnes brisées et endeuillées. Le nombre de tentatives de suicide prévaut autant chez les hommes que chez les femmes. Cependant, les hommes décèdent dans une proportion de 80 % par rapport à 26 % de femmes puisqu’ils choisissent plus souvent des méthodes de suicide plus meurtrières. La population de 35 à 49 ans représente 34 % de toutes les pertes québécoises. Toutefois, plusieurs autres populations comme les autochtones (leur taux de suicide est six fois plus élevé que celui de la population générale), les adolescents, les personnes aux prises avec des troubles mentaux et les prisonniers ont un risque élevé de suicide. Cette tragédie est la première cause de mort prématurée dans notre province qui obtient d’ailleurs la tragique première place du taux de suicide au Canada.

Comprendre le suicide
Le suicide est un phénomène culturel, social, psychologique et physiologique. Il repose sur plusieurs facteurs complexes et peut toucher tout individu. Chaque être humain doit faire face d’un jour à l’autre à la souffrance. Derrière cette souffrance, plusieurs facteurs de vie difficiles s’accumulent et la personne qui les porte se trouve démunie dans ses moyens de leur faire face. Le suicide est donc rarement causé par une seule raison. Plusieurs facteurs de risque ont été identifiés comme la maladie mentale (troubles de l’humeur, schizophrénie, dépression), la toxicomanie et la dépendance, les antécédents familiaux de suicide, les antécédents personnels de tentative de suicide et le rejet social.

Agir collectivement
Un éclaircissement jaillit dans le sombre ciel du taux de suicide au Québec. En effet, le nombre de personnes qui mettent fin à leur vie a diminué de 61 décès entre 2001 et 2010. Cette merveilleuse nouvelle vient récompenser les gigantesques mesures de prévention déployées dans la province afin de pallier à ce grave problème de santé publique. Entre 2001 et 2010, le nombre de demandes d’aide pour des personnes en crise a augmenté de 7 900 et a permis de sauver 61 personnes chères à notre province. Il est donc évident que plus le nombre de personnes prises en charge s’accroît, plus le taux de suicide dégringole. C’est dans cette perspective que la première action qu’un citoyen doit mener contre le suicide, c’est de faire la promotion des diverses ressources d’aide disponibles et d’orienter les individus en souffrance vers les endroits de prise en charge appropriés.

Il est aussi très important de prendre conscience qu’aucun humain ne peut choisir, parmi une multitude de possibilités et en toute connaissance de cause, de se donner la mort. Il faut refuser que notre société admette le suicide comme un choix éclairé. Il doit plutôt être perçu comme un dernier appel à l’aide et une tentative de soulagement d’un individu qui vit une profonde souffrance. Il existe malheureusement au Québec une culture de tolérance et de banalisation du suicide. Effectivement, des sondages effectués afin de comprendre la perception du suicide par la population indiquent qu’une personne sur quatre le voit comme un geste courageux et une personne sur six le considère comme un geste admissible dans certains contextes. Aussi, la majorité des individus se sentent mal à l’aise d’en parler et considèrent que les mesures de prévention, aussi importantes soient-elles, ne peuvent rien changer aux statistiques. Devant cette inquiétante réalité, il s’avère primordial que nous, étudiants en médecine et futurs professionnels de la santé, travaillions ensemble afin de changer cette façon biaisée de définir le suicide.

Le centre de prévention du suicide de Québec mène ces actions sous le slogan « Ici on tient à chacun, le suicide n’est pas une option ». Le but de cette phrase est de rappeler que la marginalisation, la solitude et l’exclusion sociale sont des facteurs de risque qui poussent plusieurs personnes au suicide. Il faut donc se confirmer qu’en tant que peuple, on valorise chaque individu, peu importe sa façon d’être, de voir ou d’agir. Chaque citoyen du Québec et du monde est indispensable pour la société juste qu’on rêve de construire et chaque suicide est un obstacle de plus à notre avancement.

Que puis-je faire moi tout seul?
Afin d’aider une personne suicidaire, il faut se rappeler les signes avant-coureurs. Dans la liste de ces signes figurent la dépression clinique, le retrait social, le désespoir et la tristesse, les références à la mort, l’organisation de ses affaires personnelles comme le don de ses biens, la détresse et la souffrance, le manque d’intérêt et la sérénité soudaine suite à un épisode de souffrance ou de deuil. Si vous avez des doutes sur les intentions d’une personne de votre entourage, il ne faut pas se sentir mal à l’aise de lui demander s’il pense à la mort. Il existe un mythe qui stipule que lorsqu’on parle de la mort à une personne en souffrance, des idées malsaines peuvent germer dans son esprit. Cette idée n’est pas fondée et il est même recommandé de poser des questions précises lorsque le doute persiste. Le truc du COQ (Comment voulez-vous vous suicider? Où avez-vous pensé qu’il serait propice de le faire? Quand projetez-vous passer à l’acte?) est un moyen à utiliser avec tact et délicatesse afin de déterminer l’urgence de la situation. Si une personne semble avoir un plan précis, il ne faut pas hésiter à appeler une ambulance ou à l’accompagner à un centre de crise.

Si l’individu présente de la détresse et des idées suicidaires, mais ne semble pas avoir planifié passer à l’acte, il faut l’écouter afin de l’aider à exprimer sa souffrance, mais aussi le référer aux ressources d’aide disponibles à l’université ou dans son quartier et l’aider, tout en respectant ses limites, dans ces démarches. Afin d’en savoir davantage sur les ressources ou sur les moyens d’intervention, le Centre de prévention du suicide de Québec a mis un numéro de téléphone à la disposition de la population : 1-866-APPELLE (1-866-277-3553). En ce qui concerne la communauté médicale, le Programme d’aide des médecins du Québec offre des services personnalisés accessibles en tout temps.

Le centre de prévention du suicide de Québec fait signer une déclaration pour que le suicide ne soit plus une option. N’hésitez pas à y ajouter votre voix !

Gouraya Ait Zaïd
Étudiante en 3e année, Université de Montréal

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