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Les soins de fin de vie en médecine familiale avec Dre Julie Lemay

Les soins de fin de vie en médecine familiale avec Dre Julie Lemay
« Il y a un plan de naissance, mais il y a aussi un plan de fin de vie ». – Dre Julie Lemay

Dre Julie Lemay est une médecin de famille inspirante avec un parcours très diversifié. Ayant toujours eu un intérêt pour le domaine de la santé, elle a exploré différents milieux, notamment la réadaptation physique, les sciences, les soins infirmiers et l’anesthésie, avant de se découvrir une passion pour la médecine de famille. Après avoir terminé ses études à l’Université Laval, elle concentre aujourd’hui sa pratique sur l’aide médicale à mourir (AMM), les soins palliatifs, les soins à domicile et le CHSLD. Elle ne regrette aucunement toutes ses années d’études, car les nombreux acquis qu’elle a obtenus dans son parcours scolaire diversifié lui sont très utiles dans sa pratique de tous les jours.

Pourquoi avoir choisi la médecine familiale?
Plusieurs éléments ont poussé Dre Lemay à se tourner vers cette spécialité médicale, notamment la grande variété de pratique possible. En effet, depuis son début dans le domaine, elle a effectué de l’hospitalisation, du bureau, du sans rendez-vous, de l’urgence, du CHSLD, des soins palliatifs, de l’AMM ainsi que la clinique des maladies du sein. En plus de ces nombreuses possibilités, l’horaire de travail des médecins de famille est très flexible, leur permettant ainsi d’avoir un mode de vie équilibré. Par contre, il est très important de savoir mettre ses limites, car il y aurait constamment la possibilité d’effectuer des tâches en dehors des heures de travail. Dre Lemay explique « qu’il faut prendre soin de soi-même pour être en mesure de prendre soin des autres ».

La pratique en région est aussi très intéressante et stimulante, notamment par la possibilité de développer un très grand lien de confiance avec les patients. Le médecin de famille étant au centre du réseau de santé en région éloignée, c’est vers ce professionnel que les individus ont tendance à se tourner et à trouver réconfort, et ce, peu importe leur problème de santé.

Description de la pratique
Dre Lemay mentionne avoir une pratique actuelle très diversifiée. D’abord, elle effectue sept jours de garde à l’hôpital en soins palliatifs, à raison d’une fois aux six semaines. Le reste du temps, elle peut aisément moduler son horaire afin de prioriser les urgences, selon les besoins de sa clientèle. Elle s’occupe de patientes et de patients qui nécessitent des soins à domicile et elle travaille une quinzaine d’heures par semaine en CHSLD. Elle consacre aussi beaucoup de son temps aux individus demandant l’aide médicale à mourir et elle est confrontée à des situations qui exigent une grande efficacité, notamment lorsqu’un patient désirant l’AMM est précaire et doit donc être évalué rapidement avant que son état ne se détériore. Chose certaine, peu importe le moment, il est possible d’avoir des surprises qui modifient son plan initial de la journée. Bien qu’elle soit médecin de famille, Dre Lemay ne fait pas de consultation en bureau. Sa patientèle étant plus âgée et plus fragile, elle préfère se déplacer elle-même et être « un électron libre ». Elle s’assure ainsi de ne pas déstabiliser ses patients en leur demandant de changer d’environnement.

Afin de rendre le tout plus concret, voici l’exemple d’une journée typique dans la pratique de Dre Lemay. La journée débute par l’examen d’un patient en CHSLD qui se porte moins bien. Elle prend donc le temps de bien l’évaluer et s’assure d’appeler la famille. Par la suite, elle reçoit un courriel l’informant qu’il y a une nouvelle demande d’aide médicale à mourir provenant d’un patient précaire. Ainsi, après s’être assurée de régler les urgences du CHSLD, elle doit se diriger rapidement à l’hôpital afin de faire l’évaluation complète du patient, qui dure environ trois heures, pour s’assurer qu’il répond aux critères d’éligibilité pour l’AMM. En plus de ces différents dossiers à gérer, elle peut aussi recevoir des appels de patients qui sont en soins palliatifs à la maison. Heureusement, l’équipe multidisciplinaire du CLSC est là pour soutenir le médecin dans la pratique à domicile. Il est donc possible de constater la grande diversité retrouvée dans cette pratique médicale très valorisante.

Prérequis pour effectuer cette pratique
La beauté de cette pratique, c’est qu’à tout moment, tout médecin démontrant un intérêt envers les soins de fin de vie peut réaliser les démarches nécessaires afin d’y parvenir. En effet, des formations intensives en soins palliatifs ainsi qu’un programme de mentorat pour l’aide médicale à mourir sont à la disposition de tous. Une troisième année de résidence en soins palliatifs est également une possibilité afin de concentrer sa pratique dans cette branche. Par contre, il peut s’avérer plus difficile de trouver un poste à temps complet en soins palliatifs dans les hôpitaux; le gouvernement encourage plutôt le partage des AMP entre deux tâches : soins palliatifs et prise en charge en bureau, par exemple.

Aspects positifs et valorisants de la pratique
Ce que Dre Lemay aime particulièrement dans sa pratique, c’est tout le côté humain qui est constamment présent lors des interactions avec sa patientèle. En effet, la fin d’une vie est une étape très importante qui mérite d’être respectée. Ainsi, au quotidien, elle peut connecter avec ses patientes et patients et les considérer dans leur dignité jusqu’au décès. Elle s’assure que cette étape de la vie garde tout son sens pour le patient et sa famille jusqu’au dernier souffle. De plus, elle explique que prendre le temps de les écouter, de les conseiller et de les rassurer constitue en quelque sorte une manière de leur redonner un certain contrôle sur leur vie, laquelle est grandement perturbée par la maladie.

D’un côté plus pratique, cette branche de la médecine implique beaucoup de soins en CHSLD ainsi qu’à domicile, ce qui accentue l’importance et la pertinence de l’examen physique des patientes et patients. En effet, ces derniers étant très fragiles, il s’avère impossible de les déplacer constamment dans le but de leur faire des imageries et des examens plus poussés. La démarche diagnostique et le jugement se retrouvent donc au centre du raisonnement clinique.

Aspect plus difficile de cette pratique
Dre Lemay mentionne le sentiment de culpabilité qui est présent lorsque l’état d’une patiente ou d’un patient dégénère rapidement et qu’elle n’est malheureusement pas disponible à ce moment précis pour être présente à ses côtés lors du décès.

Malgré cela, elle affirme que sa pratique lui apporte beaucoup plus de positif que de négatif. En effet, elle se considère exactement au bon endroit et elle ajoute : « Tous les matins, je me réveille en me rappelant à quel point je suis heureuse de faire ce que je fais! »

Conseil pour les étudiantes et étudiants qui se questionnent sur leur intérêt pour cette pratique
De manière sage et authentique, Dre Lemay explique qu’il faut tout simplement débuter le parcours en médecine familiale et que, éventuellement, chacun sera en mesure de constater par lui-même ce qui est plus facile et naturel à faire dans leur pratique. La beauté de la médecine de famille réside dans le fait que nous disposons de nombreuses années pour découvrir ce qui nous rend le plus confortable et il ne faut pas oublier qu’il y a toujours la possibilité de changer d’avis et de se réorienter.

Message clé final
Pour conclure, Dre Lemay ajoute : « Il ne faut pas se mettre de pression au moment de choisir un programme de résidence, car quoi qu’il arrive, tout ce que les étudiants accompliront ne sera jamais perdu. Chacun finira par trouver son chemin ».

À PROPOS DE L’AUTRICE

Amélie Lepage 
Université Laval, promotion 2027
Coprésidente junior du GIMF de l’Université Laval

 

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