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Histoire narrative d’un médecin de famille-obstétricien

Histoire narrative d’un médecin de famille-obstétricien

Enfin le grand jour est arrivé !

Sylvie, ma patiente depuis bientôt neuf mois, se concentre sur sa respiration… Inspire, expire. Son mari, ne cesse de l’encourager : «  Tu es bonne mon amour, tu fais bien ça, inspire, expire…. »

Depuis maintenant dix heures consécutives, elle endure ses contractions de plus en plus fréquentes et douloureuses. Son col est maintenant à sept centimètres! Elle est devenue une experte de sa douleur, elle réclame le bain, le ballon ou, encore, les massages de son conjoint!

La douleur se fait plus vive, elle est maintenant à dix centimètres. Elle sent que « ça pousse ». Elle s’installe pour commencer à pousser, elle essaie sur le dos, mais préfère sur le côté.

Malheureusement, le tracé de surveillance fœtale n’est pas rassurant : décélérations du cœur tardives et répétitives. J’appelle la gynécologue de garde, le bébé doit sortir… et vite ! Ensemble, nous prenons la ventouse, sans succès. Elle prend alors les forceps et je me prépare à accueillir bébé.

Je me dirige vers la table de réanimation déjà préchauffée. Je m’assure du bon fonctionnement du masque avec ballon d’anesthésie, le mélangeur à O2 bien positionné à 21 %. Le cathéter à succion fonctionne bien. Laryngoscope, tube endoscopique, aspirateur à méconium, tout est en place. Je révise avec l’infirmière les manœuvres que nous exécuterons ensemble dans les minutes à venir. La gynécologue et moi nous jetons un regard complice, nous sommes contentes de pouvoir travailler ensemble et nous épauler dans ces situations délicates.

Le bébé naît finalement, apnéique et flasque. Amenée à la table de réanimation, nous amorçons les manœuvres initiales pour assécher, positionner et stimuler. Pas de pleurs; il faut débuter la ventilation en pression positive, replacer un rouleau sous les épaules afin de bien aligner la trachée. Sa tête est très allongée suite aux deux heures de poussées.

Elle rosit doucement sous l’effet de l’air qui entre dans ses poumons, commence à pleurer, respire irrégulièrement. On garde une assistance de PEEP deux minutes de plus. L’APGAR est de 5-8-8. Maman a juste le temps de donner un bisou qu’elle est amenée à l’unité néonatale sous surveillance.

J’ai eu la chance d’assurer le suivi complet de cette belle famille et le souvenir de l’accouchement est déjà bien loin. Bébé, maintenant âgée de 18 mois, est en parfaite santé; nous voilà en train de planifier une deuxième grossesse!

Quel beau métier! Nous sommes si bien préparés à ce genre de situation!

Pour en savoir plus sur la médecine de famille, rendez-vous sur le site Internet du CQMF et explorez toutes les facettes de cette belle profession!

Caroline Laberge, CQMFCaroline Laberge, M.D., CCMF
Médecin de famille-obstétricienne au CHUL, Québec

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