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Le médecin-artiste

Le médecin-artiste

Photo vedette : Julie Sirois-Leclerc, musicienne et médecin de famille

Certes, être médecin est une profession exigeante. Étudier la médecine, l’est tout autant. Par l’engagement et les responsabilités qu’elle suscite, la médecine impose souvent d’importantes contraintes sur les activités et passe-temps. Lorsque plusieurs passions nous animent et que le temps nous manque, nous rêvons parfois déjà à des projets de retraite… Toutefois, Dre Julie Sirois-Leclerc démontre qu’avec certains ingrédients, il est possible de poursuivre deux carrières parallèles et vivre de ses passions.

Julie Sirois-Leclerc, médecin

Julie Sirois-Leclerc : Musicienne et médecin de famille
À trois ans, Julie Sirois-Leclerc fait déjà ses premiers pas en musique. Découvrant peu à peu les émotions et le bien-être que lui procure cet art,  elle se destine alors à un cheminement musical. Elle cumule brillamment un baccalauréat, puis une maîtrise en interprétation musicale à l’Université de Montréal, en 1999 et 2001, respectivement. Sa grande discipline, ajoutée à son talent pour jouer le hautbois et le cor anglais, lui permet de remporter plusieurs prix et de voyager pour parfaire ses techniques. En effet, elle a l’occasion de se perfectionner en Europe et aux États-Unis.  Sa carrière musicale se poursuit ainsi dans divers orchestres professionnels à travers le monde.

Puis, en 2004, un énorme Tsunami frappe le Sri Lanka. C’est alors qu’elle décide de donner un coup de main aux victimes. Durant cette expérience bénévole auprès des Sri Lankais, elle ressent un profond plaisir à aider les autres. Elle réalise alors qu’il lui faut davantage que sa carrière de musicienne pour s’épanouir. Dès lors, l’idée de devenir médecin se concrétise peu à peu.

La musique lui aura enseigné à gérer le stress, voir même le rechercher pour mieux se réaliser et aller au bout d’elle-même.

Julie Sirois-Leclerc sera ensuite admise au doctorat en médecine à l’Université de Montréal en 2005. De façon impressionnante, tout au long de son parcours au préclinique, Julie poursuit une carrière de musicienne professionnelle parallèlement à sa vie d’étudiante. Elle enseigne la musique et joue notamment pour le Nouvel Ensemble Moderne et l’Orchestre métropolitain du grand Montréal. Elle parvient à atteindre un équilibre précieux entre le côté très rationnel de ses études en médecine et celui plutôt ludique de la musique. Elle maintient d’ailleurs ce rythme de vie trépidant jusqu’à l’externat. C’est à ce moment qu’elle décide de prendre une pause de la musique pour se consacrer entièrement à la médecine. Selon l’avis de la Dre Sirois-Leclerc, ces années sont cruciales dans la formation médicale puisqu’elles fondent les assises de la pratique du futur clinicien et patron, d’où l’importance d’y mettre tous les efforts possibles. Dre Sirois-Leclerc explique ainsi pourquoi elle souhaite profiter à fond de l’exposition clinique pendant l’externat et la résidence.

Le choix de résidence
Dès son entrée en médecine, Dre Sirois-Leclerc aune idée de la résidence qui l’intéresse. Elle convoite l’oncologie pédiatrique. Toutefois, lorsque vient le moment de faire ses choix au CARMS, quelques facteurs l’a fait hésiter. D’abord, elle se questionne en raison de son âge.  n effet, bien qu’elle est encore jeune, Dre Sirois-Leclerc souhaite graduer à un âge raisonnable pour débuter sa carrière rapidement. Il faut donc aussi considérer la durée des études dans cette perspective. Finalement, Dre Sirois-Leclerc se questionne sur la place qu’elle souhaite donner à sa carrière en musique, sachant que la médecine familiale offre des horaires moins contraignants que ceux d’une surspécialité pédiatrique.

Les réflexions de Dre Sirois-Leclerc l’orientent alors vers une résidence en médecine familiale à l’hôpital Charles-Lemoyne. Durant cette période, elle complète également un microprogramme en santé internationale, puis une formation R3 en urgence à l’Université de Sherbrooke.

De telles formations lui permettent dorénavant d’exhausser son souhait de partager son temps entre la médecine et la musique. Effectivement, Dre Sirois-Leclerc travaille actuellement à titre de médecin-dépanneur en urgence, partout au Québec.

Médecine de dépannage
La médecine de dépannage était l’option la plus sensée pour permettre à Dre Sirois-Leclerc de vivre de ses deux passions. Ses tâches médicales remplissent ainsi 75 % de son horaire et elle peut disposer du 25 % restant pour pratiquer son instrument ou jouer dans différents concerts. Ce travail de dépannage lui permet un horaire qui se concilie plus facilement avec sa carrière musicale puisque c’est elle qui indique aux différents centres du Québec ses disponibilités, ce qui lui permet de construire son propre horaire de travail.

La médecine vient aussi équilibrer l’incertitude d’emploi qui entoure fréquemment les carrières musicales. En diminuant cette pression de performance pour conserver sa réputation de musicienne et ses contrats d’emploi, Dre Sirois-Leclerc mentionne qu’elle profite d’avantage de sa carrière musicale.

La médecine de dépannage vise à « remplacer temporairement un médecin omnipraticien dans sa tâche habituelle ou à pallier le manque d’effectifs médicaux [particulièrement en service d’urgence, en unité de courte durée, en obstétrique et en anesthésie] qui empêche la prestation de soins urgents et essentiels à la population dans un établissement. Les responsables des établissements ont accès à une banque de dépannage à laquelle les médecins s’inscrivent sur une base volontaire ». Lors d’un dépannage, la RAMQ rembourse les déplacements, le logement et offre une rémunération majorée pour certaines régions. C’est en outre l’occasion pour Dre Sirois-Leclerc de travailler dans le Grand Nord à l’occasion. Comme elle s’intéresse à la santé internationale, la médecin confie qu’elle aime cette région car le Nord lui rappelle par moment le tiers-monde ; l’éloignement, le manque de ressources et le sens de la débrouillardise requis pour réaliser les tâches médicales. Dre Sirois-Leclerc aime ce genre de défi, ce qui l’a d’ailleurs récemment amenée à postuler à Médecin sans frontières.

Julie Sirois-Leclerc, musicienne

L’art qui façonne le médecin, le médecin qui façonne son art
Pour aimer l’urgence, il faut aimer le stress. Dre Sirois-Leclerc indique que jamais un concert de musique n’a été aussi stressant que l’urgence, même si les concerts représentent en soi une source importante de stress.  L’énorme bagage de performances musicales aura toutefois permis à notre médecin d’être à l’aise avec la pression et l’angoisse. La musique lui aura enseigné à gérer le stress, voir même le rechercher pour mieux se réaliser et aller au bout d’elle-même. La médecine d’urgence vient combler le besoin d’aider les autres, mais également celui d’évoluer parmi les choses qui vont vite et qui peuvent tourner mal rapidement.  La médecine vient aussi équilibrer l’incertitude d’emploi qui entoure fréquemment les carrières musicales. En diminuant cette pression de performance pour conserver sa réputation de musicienne et ses contrats d’emploi, Dre Sirois-Leclerc mentionne qu’elle profite d’avantage de sa carrière musicale.

Comme tout art ou autre passe-temps, la musique devient une alliée importante pour décompresser et décrocher du travail. Pour Dre Sirois-Leclerc, jouer de la musique, c’est s’amuser en travaillant, s’émerveiller du travail d’équipe qui produit l’harmonie d’un orchestre. La musique lui permet d’être heureuse de retrouver son sarrau de médecin après une semaine de concert et de pratiques musicales.

En nous déséquilibrant à plusieurs égards, la médecine nous force à constamment réviser ses priorités et à jongler avec des journées qui n’ont malheureusement que 24 heures. Dre Sirois-Leclerc indique cependant que l’art et la médecine ne sont pas irréconciliables. Lorsque les passions exigent du temps, le plus grand défi pour l’étudiant ou le médecin qui souhaite consacrer une partie de sa vie professionnelle à un art, demeure la gestion des horaires de travail ou d’étude. Un grand sens de la discipline et de l’organisation sera de précieux atouts, mais surtout, il semble que ce soit l’instinct de la passion qui, essentiellement, guide la médecin-artiste dans ses choix.

Chloé RondeauChloé Rondeau
Université de Montréal

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