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Rwand’Expérience

Rwand’Expérience

Stage coup de cœur d’Amélie-Ann Pellerin-Leblanc, externe 1

Au bout à droite : Amélie-Ann Pellerin-Leblanc

Au bout à droite : Amélie-Ann Pellerin-Leblanc, externe 1

Le 26 novembre 2011, nous avons été plusieurs à suivre les jolies pancartes disposées un peu partout dans le pavillon de médecine annonçant une conférence sur un stage au Rwanda, effectué à l’été 2012 par l’une de nos collègues et amie, Amélie-Ann Pellerin-Leblanc, externe 1. À peine étions-nous entrés dans l’auditorium que déjà l’odeur de fruits et de nourriture africaine nous surprenait. Pas de doute, nous savions à ce moment-là que celle qui nous parlerait du Rwanda le ferait avec l’enthousiasme qu’on lui connaît, mais aussi un brin de nostalgie et beaucoup d’amour pour les gens qu’elle a rencontrés là-bas. Ce stage, bien qu’il était – comme tous les stages SCOI, davantage à visée culturelle que médicale, a marqué une étudiante tant sur le plan personnel que professionnel, et c’est pour cette raison qu’il mérite selon moi sa place dans cette section Stage coup de cœur.

Après les trois formations pré-départ organisées par le programme SCOI d’IFMSA et plusieurs mois de préparation, Amélie-Ann a mis les pieds à Kigali, au Rwanda, le 25 juin 2011. Elle s’est tout de suite dirigée, non sans quelques embûches et de multiples questionnements (« Dans quelle aventure est-ce que je me suis embarquée! »), vers Butaré, la ville où elle effectuait son stage médical. Là, elle a finalement rejoint quelques autres étudiants en médecine du Québec, qui avait déjà commencé leur aventure. Maxime Leroux-Lapierre, Gina Kalaf, Sydnee Burges, Manon Julien, Audrey Moreau et Mélissa Lemieux ont effectivement également eu la chance de vivre cette expérience.

Le système de santé au Rwanda
En commençant sa conférence, Amélie-Ann nous explique comment fonctionne le système de santé au Rwanda, ce qui nous permet de bien comprendre dans quel contexte se déroulait son stage. D’abord, il y a les agents de santé communautaire, dont le nombre est proportionnel à la population de chaque village, qui s’occupent de déterminer quels patients ont besoin de soins et de les diriger vers les centres de santé de leurs villages respectifs. Ensuite, si le cas est trop complexe, le patient est redirigé vers l’hôpital de district, qui réfère à son tour les cas les plus graves aux hôpitaux universitaires. Les soins de santé des Rwandais sont payés par la mutuelle de santé (la RAMQ rwandaise!), qui couvre plus de 90% de la population. En ce qui a trait aux études en médecine, nos collègues rwandais font également 3 années de préclinique, puis 3 années d’externat dans les hôpitaux universitaires et 2 années de médecine générale obligatoires. Finalement, les nouveaux médecins peuvent se spécialiser, ce qui leur demande 4 années supplémentaires, mais ce n’est pas une obligation! La médecine familiale constitue, comme ici, une spécialité à part entière.

Le choc
Amélie-Ann nous raconte que la première semaine fut très difficile. Le choc culturel, dont elle avait entendu parler pendant les formations, était maintenant bien réel : le dépaysement était total. La barrière de la langue, le fait de se faire appeler « Musungu » (qui signifie « blanc » en kinyarwanda) par tous les habitants de la ville et la culture fort différente ont nécessité une bonne adaptation! Toutefois, au fil des jours, certains membres de l’hôpital l’ont peu à peu intégrée à l’équipe médicale, et elle a pu finalement constater que les Rwandais étaient très accueillants malgré leur timidité et qu’il suffisait d’aller vers eux pour qu’ils vous intègrent.

Il ne connaissait même pas son âge, ses parents étaient décédés et il habitait chez sa grand-mère. Pendant toute la rencontre, il lui faisait des signes pour montrer qu’il avait faim.

Stage coup de coeur au RwandaÀ quoi ressemble la journée typique d’un étudiant en médecine en stage au Rwanda?
Après un lever à 6h00 du matin et un déjeuner typique à la bouillie (une sorte de gruau avec plusieurs types de farines et une quantité astronomique de sucre!) – ou de type occidental pour les moins braves, l’équipe se dirigeait vers l’hôpital de district de Kabutaré. Les étudiants assistaient alors au staff meeting à 7h15, où les cas de la nuit étaient discutés. Puis, ils se déplaçaient en chirurgie pour aider à faire les soins de plaies, ou dans un des 3 autres départements, soit pédiatrie, médecine interne et gynéco-obstétrique pour faire la tournée des patients, accompagnés d’un médecin généraliste. Ils sont également allés quelques fois visiter les centres de santé et l’hôpital universitaire. Après une matinée bien chargée, nos Québécois quittaient l’hôpital vers 13h pour aller dîner dans un buffet typique de la place, et avaient ensuite leur après-midi et leur soirée de libre. La plupart du temps, ils en profitaient pour passer du temps avec leurs amis rwandais, mais à deux reprises, ils sont allés à l’école primaire/secondaire de Tumba pour faire des ateliers de sensibilisation sur le lavage des mains. Les fins de semaine étant également libres, ils en ont évidemment profité pour visiter le Rwanda!

Pendant les deux premières semaines, ils étaient logés à l’hôtel, mais pour les deux dernières, c’est leur ami Daniel, un employé de l’hôpital de Kabutaré, qui les a hébergés. Amélie-Ann raconte que ça a été vraiment une expérience culturelle fabuleuse d’avoir le privilège d’habiter chez lui et de partager son quotidien.

Une expérience marquante!
Plusieurs personnes ont marqué Amélie-Ann pendant son stage. Elle nous raconte, non sans émotion, sa rencontre avec un jeune homme d’une quinzaine d’années, venant seul chercher ses médicaments contre le VIH. Il ne connaissait même pas son âge, ses parents étaient décédés et il habitait chez sa grand-mère. Pendant toute la rencontre, il lui faisait des signes pour montrer qu’il avait faim. L’infirmière qui était présente était très calme et ne semblait nullement choquée, ce qui n’a pas manqué de troubler une étudiante en médecine peu habituée à une aussi dure réalité.

Stage coup de coeur au RwandaLe département coup de cœur d’Amélie-Ann fut celui de pédiatrie. Pour elle qui aime tant les enfants, elle fut choyée dans ce département d’une quarantaine de lits! La majorité des enfants étaient hospitalisés pour des cas de malaria, d’anémie, de diarrhée infectieuse ou de gastro-entérite. Une rencontre particulièrement troublante avec une jeune fille de 7 ans, qui venait de contracter la tuberculose après avoir perdu sa mère, a également été une expérience difficile.

Bien sûr, la différence entre la pratique au Québec et celle au Rwanda a aussi été une expérience des plus marquantes – voire traumatisante par moment! Les césariennes ont provoqué tout un choc culturel à Amélie-Ann : Au Rwanda, il n’y a pas de cautérisation, alors les médecins prennent chacun leur côté du ventre et déchirent la plaie, pour minimiser les saignements. Bien que cette pratique puisse sembler brutale, elle n’est qu’un exemple de la débrouillardise dont les médecins de là-bas doivent faire preuve pour s’occuper de leurs patients avec les moyens qu’ils ont!

La médecine familiale dans tout ça?
« Mon stage se déroulait exclusivement avec des médecins de famille à Kabutaré, contrairement au CHUB (l’hôpital universitaire), où c’étaient majoritairement des spécialistes. J’ai donc pu constater et apprécier le fait que les médecins de famille du Rwanda se débrouillent avec beaucoup moins de ressources que les spécialistes. De plus, ils changent de département pratiquement chaque semaine, ce qui fait que leur pratique est vraiment variée! J’ai vraiment apprécié ce côté de diversité que présente la médecine familiale ».

En terminant sa conférence, Amélie-Ann nous avoue que son expérience lui a surtout ouvert les yeux sur la santé mondiale, et qu’elle l’a influencée dans son choix de carrière dans le sens où elle lui a permis de réaliser qu’il existe un besoin criant d’aller aider les plus démunis avec les connaissances que nous allons acquérir pendant notre parcours en médecine. Ce besoin existe au Rwanda, mais Mlle Pellerin ne manque pas de nous mentionner qu’il est également présent au Québec, et que commencer par aider les plus démunis ici est déjà un très grand pas en avant.

« Turikumwe! », nous lance-t-elle pour clore le récit de son expérience fascinante au pays des mille collines, qu’elle surnomme affectueusement sa « Rwand’expérience ».

Propos recueillis par Camille Plourde, deuxième année
Pour le GIMF Mauricie

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