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Le médecin de famille, un acteur social important

Le médecin de famille, un acteur social important

Voici déjà le dernier numéro de Première Ligne pour cette année. Pour l’occasion, j’aimerais partager ma vision de la médecine de famille avec vous et affirmer pourquoi c’est LA spécialité qui m’attire. En effet, je conçois le médecin de famille comme un acteur social important au sein de sa communauté. Un peu comme le médecin de campagne qui connaissait bien les familles de son village, les groupes de médecine familiale (GMF) sont pour moi l’équivalent et adoptent un rôle semblable auprès des communautés de patients qu’ils prennent en charge. Comment l’omnipraticien peut-il être cet acteur de premier plan? Par la promotion de la santé, par l’action communautaire et par la gestion des soins, pour ne nommer que quelques possibilités.

Le médecin de famille est essentiel à sa communauté pour les soins de santé qu’il prodigue, certes, mais aussi pour son action en prévention des maladies et en promotion de la santé. Les campagnes publicitaires à grande échelle, axées sur les bonnes habitudes de vie et sur la prévention des comportements dommageables pour la santé ont un effet limité chez le patient. La relation de confiance qu’établit alors le médecin avec ses patients est un atout précieux qui peut réellement modifier les comportements de l’individu et de la communauté vers une hygiène de vie saine. Et, devant toutes les maladies chroniques intimement liées aux mauvaises habitudes de vie, nul besoin de préciser davantage l’importance du médecin de famille… Mais il est tout même important de mentionner qu’il peut également agir comme accompagnateur : pensons au soutien qu’il apporte au processus de l’arrêt tabagique, à la grossesse, à la perte de poids et au vieillissement. Pensons aussi à son rôle et à sa présence face à la mort, au deuil, à la dépression, à l’adolescence et à l’annonce d’un diagnostic grave. Sans oublier que l’omnipraticien peut aussi accompagner ses patients sur la voie de la guérison. Comment le médecin de famille peut-il promouvoir la santé davantage? En augmentant la littératie en santé de sa communauté, grâce au temps qu’il consacre à éduquer ses patients, par sa participation à la vie publique en tant que spécialiste de la santé et par l’effort qu’il déploie à rétablir la connaissance actuelle des croyances populaires. Bref, le médecin de famille peut, sans conteste, activement participer à augmenter le niveau de santé de sa communauté.

Dans un monde idéal, le médecin est un acteur social important par l’engagement communautaire dont il doit faire preuve. Pour moi, les médecins sont bien rémunérés, ils jouissent d’un statut social profitable et se méritent une crédibilité publique. Dans cette optique, j’estime que le médecin de famille devrait utiliser sa notoriété à bon escient, entre autres, par son implication communautaire. Il suffit de donner quelques heures de son expertise médicale annuellement pour faire profiter une clientèle particulière ou une clientèle ayant une accessibilité réduite aux soins. Il faut aussi mentionner l’action des médecins de famille qui font carrière auprès des plus démunis. Souvent, il ne s’agit pas de la pratique la plus facile ni la plus glamour, mais elle permet d’assurer des services de base à tous, sans égard aux problématiques particulières de santé mentale, de criminalité, de faible niveau de scolarité et de faible revenu. Le médecin de famille peut par ailleurs contribuer à la défense des droits de certaines classes de la population qui n’ont que très peu de voix auprès de leurs dirigeants. Pensons à certaines communautés des Premières Nations éloignée des grands centres, aux jeunes de la DPJ, aux familles à très faible revenu… Ce ne sont que quelques exemples de patients qui sont trop souvent oubliés dans les décisions sociétaires. En s’affiliant à différentes causes, le médecin prend un rôle de leader social en profitant de la confiance que voue en général la population aux membres du corps médical.

Au niveau macro, je crois fermement que le médecin de famille peut tenir un rôle clé dans la gestion du système de santé québécois. Tout d’abord par son rôle en première ligne auprès des clientèles vulnérables. En effet, il est bien souvent celui qui prendra en charge les personnes âgées, les familles à très faible revenu ou les personnes atteintes d’une problématique de santé mentale. Dès lors, il doit assurer, en plus de son rôle purement médical, le soutien social dont ont besoin ces communautés et mettre en place les ressources nécessaires, à travers les différents intervenants du système de santé et les organismes communautaires afin d’augmenter le niveau de santé globale au sein de la population qu’il dessert. Et le mot important dans le précédent passage est « prise en charge »; il ne suffit pas d’être une ressource ponctuelle. Ainsi, le médecin de famille devrait adapter sa pratique aux besoins de la communauté qui l’accueille, c’est son rôle sociétal. Un autre de ces rôles est d’être un gestionnaire efficace des ressources médicales disponibles. L’État investit près de la moitié de son budget dans le système de santé et celui-ci connaît une progression des coûts qui ne cesse d’accélérer. Le médecin de famille, comme les autres professionnels de la santé, se doit de faire preuve de bonne pratique en limitant les examens diagnostiques à seulement ceux qui sont recommandés, en refusant d’offrir des soins disproportionnés, en faisant bon usage des compétences des autres professionnels de santé et en s’assurant de faire des références spécialisées judicieuses. Il en va de la qualité des soins que nous pourrons continuer de nous offrir en tant que société.

Bonne lecture de ce dernier numéro de Première Ligne de l’année! Nous vous souhaitons une bonne fin de session et de chaudes vacances d’été. À bientôt!

Samuel CaronSamuel Caron
Rédacteur en chef

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