Recevez une alerte lors de la parution d’un nouveau numéro

Espace FMOQ : L’espoir d’un temps nouveau Espace pub
img
Participez à la conversation!

La médecine en centre jeunesse

La médecine en centre jeunesse

Photo : Association des centres jeunesse du Québec

Il est 9 h et vous commencez votre journée en recevant dans votre bureau Thomas*, 14 ans, pour le suivi de son trouble anxieux. Voilà déjà un an que vous le suivez et, petit à petit, vous avez réussi à gagner sa confiance. Facile, pourrait-on croire, alors qu’en réalité ce peut être un accomplissement considérable et tout aussi gratifiant! À vrai dire, c’est l’un des nombreux défis forts stimulants que comporte la médecine en centre jeunesse! Continuons notre périple dans les souliers d’un médecin lors d’une journée typique en centre jeunesse.

Thomas est également connu pour des problèmes de consommation de drogues et d’automutilation. Aujourd’hui, il semble plus mal en point que lors de votre dernière rencontre. Vous appelez donc le collègue pédopsychiatre qui a déjà rencontré Thomas il y a quelques mois. Vous lui demandez son avis sur l’introduction d’une médication que le garçon serait désormais prêt à essayer. La clinique médicale étant partie intégrante du centre jeunesse, vous pouvez compter sur une équipe de travail solide. Cet atout indéniable ne se retrouve pas en clinique externe, puisque les ressources y sont plus difficiles d’accès. Outre votre collègue psychiatre, vous travaillez avec des infirmières sur une base régulière. De plus, vous travaillez de pair avec l’équipe de réadaptation du centre et l’équipe en santé mentale, lesquels regroupent, entre autres, des travailleurs sociaux et des psychologues.

Votre pratique en centre jeunesse demande une grande ouverture d’esprit et un intérêt certain pour la clientèle adolescente. Par ailleurs, il faut accepter que les progrès ne soient observables qu’à long terme et qu’ils puissent s’avérer modestes.

Entre deux consultations, vous discutez avec l’externe qui effectue son stage en médecine de l’adolescence. Il y a quelques années, c’est vous qui aviez eu la piqûre en faisant ce même stage. Vous aviez d’ailleurs refait l’expérience lors de la résidence en médecine, en plus d’un stage en pédopsychiatrie. Vous indiquez à l’étudiant que le médecin en centre jeunesse participe à plusieurs réunions durant l’année avec ses collègues du reste de la province. Ces rencontres vous permettent de partager vos expériences et de mettre en place divers projets pour aider vos patients. Vous lui relatez les divers apprentissages tirés de votre dernier congrès sur la santé mentale des adolescents qui s’inscrivait dans votre formation continue.

Les visites médicales en centre jeunesse sont soit de type suivi, soit de type sans rendez-vous. Au cours de la journée, vous verrez des patients avec une grande variété de conditions. En majorité, il s’agit de problèmes de santé mentale, tels que l’anxiété, les troubles alimentaires, les troubles de personnalité ou de gynécologie (ITS, contraception). Les troubles de sommeil, la toxicomanie, les affections dermatologiques, les blessures (coupures, entorses) sont d’autres exemples de motifs de consultation. Un même patient a souvent plusieurs problématiques, ce qui nécessite une prise en charge biopsychosociale complète.

Votre pratique en centre jeunesse demande une grande ouverture d’esprit et un intérêt certain pour la clientèle adolescente. Par ailleurs, il faut accepter que les progrès ne soient observables qu’à long terme et qu’ils puissent s’avérer modestes. Ceci dit, votre travail de première ligne a un impact déterminant sur la santé globale de ces jeunes et cela vaut tout l’or du monde.

Il est 17 h 30, vous quittez désormais la clinique. La journée fut exigeante sur certains aspects, mais ô combien passionnante. Vous avez de nouvelles pistes de solution à proposer à Thomas et vous avez aidé plusieurs autres patients. Ah, comme vous aimez votre travail! Être en première ligne, considérer le jeune patient dans sa globalité, être entouré d’une équipe forte, relever une tonne de défis… vous ne pourriez espérer mieux! Demain, vous travaillerez en UMF, à l’hôpital ou en CLSC ou à tout autre endroit où la médecine familiale peut vous amener. Le surlendemain, vous serez de retour au Centre jeunesse pour une autre journée palpitante. Vous avez déjà hâte!

 

Un centre jeunesse est un établissement public où des jeunes connaissant d’importantes difficultés d’ordre familial, social ou personnel sont hébergés. Chaque centre a ses particularités. Les jeunes peuvent y séjourner pour une durée variable, dépendant de la résolution de leur situation. Certains vont à l’école du Centre, tandis que d’autres fréquentent une école externe.

Citons ici en exemple le Centre jeunesse de Laval, où travaille Dre Marie-Hélène Quérin. On y retrouve deux clientèles. D’une part, des jeunes s’y retrouvent en vertu de la Loi sur la protection de la jeunesse. Ils sont âgés de 5 à 18 ans, bien que la plupart soient des adolescents. Ils peuvent y être pour toutes sortes de raisons, comme de la négligence, des troubles de comportement, des tentatives répétées de suicide, de la prostitution, etc. D’autre part, certains jeunes y sont admis en vertu de la Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents (LSJPA), suite à des délits qu’ils ont commis. 

Merci infiniment au Dre Marie-Hélène Quérin d’avoir su transmettre sa passion pour la médecine en centre jeunesse.

*Nom fictif

Pascale Hunter PoelmanPascale Hunter Poelman
Université Laval

Articles récents