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Le meilleur ami de l’étudiant en médecine

Le meilleur ami de l’étudiant en médecine

C’est un joyau méconnu de la littérature médicale. En fait, « méconnu » porte à confusion considérant que c’est un bestseller qui s’est vendu à plus de trois millions d’exemplaires; disons méconnu dans la francophonie, et d’ailleurs non traduit en français. Le livre que j’ai eu le plaisir de découvrir pour cette édition a pour titre The House of God, de Samuel Shem – nom de plume du psychiatre Stephen Bergman. Il m’a été conseillé par l’omnipraticienne Dre Marie-Claude Moore : diplômée de l’Université de Montréal en 2012, elle a fait sa résidence à l’UMF Baie-des-Chaleurs de Maria, où elle a débuté sa pratique en faisant autant de l’urgence que de l’hospitalisation, du bureau et de la supervision. Elle travaille depuis novembre 2016 à Granby où elle sépare son temps entre urgence, hospitalisation et bureau.

J’ai eu la chance de l’attraper pour une longue heure pour discuter de ce dont elle se souvient de sa première lecture du roman, de la manière dont elle a apprécié sa deuxième lecture au cours des dernières semaines, et des raisons pour lesquelles elle le considère comme un passage obligé pour tout étudiant en médecine. Comme toutes mes chroniques précédentes, celle-ci sera un mélange – que j’espère heureux – d’extraits de cette entrevue et d’extraits du roman en question. J’ai fait le choix éditorial de les laisser en anglais plutôt que d’en faire une traduction libre, préférant perdre la qualité esthétique d’un texte uniforme pour ne pas risquer de déformer un humour souvent bien difficilement traduisible.

C’est la bonne année pour écrire à ce propos : le roman paraissait il y a exactement quarante ans, en 1978. Le fait peut paraitre plutôt insignifiant étant donné qu’on ne célèbre pas la parution d’un roman comme un évènement historique… Et pourtant, il me permet de souligner l’importance qu’a eu celui-ci dans la culture étudiante médicale étatsunienne en mentionnant que pour son trentième anniversaire, en 2008, un colloque a été organisé dans le but d’étudier son héritage, et qu’un livre a même été publié par la suite, Return to The House of God, rassemblant 28 contributeurs et leurs évaluations autant positives que négatives. Un article résumant le livre en dit : « Although praise outweighs criticism, reactions are varied and at times heated. One commentator (a medical school faculty member) is especially fired up: “The House of God continues to have a negative influence on medical education.” He lambasts the protagonist, Roy Basch, as “an immature narcissist whose lack of compassion antedates his internship.” Three decades later, it seems that the beleaguered intern still gets no love from a teaching physician. »

L’histoire est celle de l’interne Roy G. Basch qui découvre les splendeurs et les misères de la pratique de la médecine lors de son internat dans l’hôpital House of God – une transposition presque intégrale de l’hôpital d’origine juive Beth Israel Hospital de Boston où l’auteur a lui-même fait sa formation médicale. Cette première année d’éducation sur le terrain, décrite sur 450 pages toutes plus savoureuses les unes que les autres, lui fait découvrir à la dure la hiérarchie hospitalière, les relations amour-haine avec les patients, l’importance mais aussi parfois l’insuffisance de la solidarité entre étudiants. Au fond, à travers tous les aléas de la pratique quotidienne, c’est lui-même qu’il découvre. Car il s’agit d’un roman d’apprentissage dans la tradition classique de la chose; une histoire d’abord et avant tout utilisée comme catharsis pour l’auteur, soit, qui dit l’avoir réécrite sept fois et l’avoir longtemps fait attendre dans les tiroirs avant de la soumettre à un éditeur, mais qui présente bien les raisons pour lesquelles – ce n’est pas un grand divulgâcheur – le personnage/l’auteur finit par s’orienter vers la psychiatrie.

Quelque part durant l’entrevue, je soumets à Dre Moore mon hypothèse que le roman a été aussi populaire chez nos voisins du Sud étant donné qu’il a pu jouer, à une époque moins numérique, le rôle que jouent aujourd’hui les téléséries médicales telles que Grey’s Anatomy, House, Scrubs et de nombreuses autres : celui d’entretenir l’intérêt des futurs et présents étudiants en médecine pour un métier fascinant, mais dont il est facile de perdre la vue d’ensemble quand on y est plongé trop profondément. Elle avoue d’emblée ne jamais avoir été une grande fan de ces séries, mais va plus loin en contestant le lien que je propose : « Je pense que c’est l’opposé : ces séries-là entretiennent des stéréotypes que le roman essaie au contraire de casser […], cette image-là, qu’on est forts, qu’on a un entrainement militaire qui fait qu’il n’y a plus rien qui nous dérange. Ça nous nuit d’écouter des émissions comme Grey’s Anatomy, c’est vraiment trop loin de la réalité. »

Plutôt que similaires au roman lui-même, donc, ces téléséries sensationnalistes qui embelissent la pratique de la médecine pourraient être comparées aux livres que traine avec lui Roy avant de commencer son internat : « Also in bed with me were two books: the first, a gift from my father the dentist, an “internship” book, something called How I Saved the World Without Dirtying My Whites… the second book I’d bought for myself, something called How to Do It for the New Intern, a manual that told you everything you needed to know. » Autant le fait qu’il s’agisse de ses livres de chevet que la popularité actuelle des téléséries médicales peut faire penser qu’il s’agit d’un besoin réel chez les futurs et actuels étudiants de médecine, d’entrer en contact d’une certaine manière avec ce monde qui leur semble si lointain. Parler avec des étudiants plus avancés ou des médecins, d’accord… Mais il faut parfois quelque chose de personnel, de portatif, et potentiellement de plus longue haleine qu’une rapide conversation sur un coin de table d’hôpital.

The House of God ne pourrait-il pas être alors ce meilleur ami de l’étudiant en médecine, qui lui donnerait une image réaliste du métier au lieu d’entretenir ses illusions, qui le soutiendrait dans les moments difficiles? C’est sans aucun doute le projet de l’auteur, qui écrit dans la postface : « The healing essence of narrative is not in the “I” or the “you,” but in the “we.” J.D. Salinger, in The Catcher in the Rye, has Holden Caulfield say: “What really knocks me out is a book that, when you’re all done reading it, you wish the author that wrote it was a terrific friend of yours and you could call him up on the phone whenever you felt like it.” This suggests that what “works” in fiction is the writer’s ability to fashion a “self-with-other” experience, the ability to create a sense of mutual relationship with the reader. » Et pour ajouter du poids à l’argument, il raconte avoir reçu un jour une lettre d’une lectrice étudiante en médecine  qui lui écrivait : « I’m alone on call in a VA in Tulsa, Oklahoma, and if it weren’t for your book I’d kill myself. »

Quand on lui demande si un lecteur extérieur pourrait apprécier le roman, elle répond : « Tu ne comprends pas le niveau tant que tu ne l’as pas vécu. Probablement qu’un étudiant en médecine s’identifierait d’une certaine façon parce qu’il entend des rumeurs, il côtoie des externes; mais quelqu’un de complètement extérieur au système de la santé, je ne pense pas qu’il l’apprécierait du tout. »

Pourtant Dre Moore est moins que certaine qu’on puisse vraiment bien apprécier le livre avant d’avoir atteint un certain niveau d’exposition clinique. Elle-même l’a lu quelque part pendant sa deuxième année de résidence en omnipratique ou sa première année de pratique, et sa relecture actuelle quatre ans plus tard le lui fait apprécier autrement. S’agirait-il de ce genre de livres qui, comme tant de lecteurs le font du Petit prince de Saint-Exupéry, mérite d’être relu à intervalle régulier au cours d’une vie pour être compris chaque fois différemment? Bien que plus terre-à-terre et moins métaphorique, The House of God n’en reste pas moins un exercice d’exagération qui, de ce fait, le rapproche souvent plus de l’allégorie que de l’autobiographie. Son côté caricatural assumé peut donc tout autant provoquer des réactions de rejet instinctif que d’identification spontanée. Ou bien de simple incompréhension, quand on ne sait pas trop à quoi le comparer.

Dre Moore s’interroge ouvertement sur la possibilité que la lecture du livre puisse être trop décourageante pour un externe débutant – bien qu’elle n’aille pas jusqu’à dire que le roman lui ferait abandonner ses études. Quand on lui demande si un lecteur extérieur pourrait apprécier le roman, elle répond : « Tu ne comprends pas le niveau tant que tu ne l’as pas vécu. Probablement qu’un étudiant en médecine s’identifierait d’une certaine façon parce qu’il entend des rumeurs, il côtoie des externes; mais quelqu’un de complètement extérieur au système de la santé, je ne pense pas qu’il l’apprécierait du tout. » Elle se rappelle l’avoir lu à côté de son copain de l’époque : « Je riais en le lisant parce qu’il y a des bouts vraiment très drôles, il me disait de lui raconter et je lui répondais qu’il ne comprendrait pas, oublie ça! »

Parlant d’identification avec le personnage principal : c’est à peu près la même chose que vit Roy avec sa copine Berry. Étudiante en psychologie, elle analyse tout ce qu’il lui raconte de la vie à l’hôpital et essaie de le supporter dans ce qu’elle considère comme sa chute dans le cynisme, sa coupure de ses propres émotions. Même après le suicide d’un collègue, auquel les supérieurs ont réagi en leur disant qu’il leur faudrait travailler plus fort pour compenser : « “So nothing ever changes. Personal history and experience mean nothing. There’s no growth. Unbelievable: all across the country, interns are going through this, and going on each day as if nothing had happened the day before. ‘Forget it; all is forgiven; come home; love, the Medical Hierarchy.’ It rolls on, greater than anyone’s suicide. That’s what makes a doctor. Terrific.” “I don’t see what’s so wrong with that.” “I know you don’t. That’s what’s so wrong. It isn’t the medical skills you learn, it’s the ability to wake up the next day as if nothing had happened the day before, even if what happened is a friend killing himself.” »

Ce fossé est-il inévitable? « Je me souviens que pendant mon parcours, et même maintenant comme patronne, je me dis que les gens de l’extérieur ne peuvent pas comprendre. Ça amène une certaine distance. Je me souviens qu’avec mon ex-copain, ça me faisait ça aussi : il n’était pas en médecine et parfois j’avais l’impression qu’il ne pouvait pas comprendre ce que je vivais. Il me disait que je vivais des choses qui n’avaient pas d’allure, et je répondais : “Non, non, tu ne comprends pas, c’est comme ça, on fait tous ça”. On embarque tous dans le moule et il ne faut pas se poser de questions. Comment je l’ai vécu, c’est que les gens de l’extérieur du milieu qui me côtoyaient, qui essayaient de remettre ça en question, de me dire “Voyons, ça n’a pas de bon sens!” – je pense que j’étais effectivement en opposition avec eux, parce qu’ils ne vivaient pas cette expérience-là. »

Donc, si le changement doit survenir, il doit partir de l’intérieur. C’est ce à quoi on assiste dans le cas de Roy, qui finira par comprendre ce que Berry essayait de lui dire tout ce temps-là, mais après un détour nécessaire par ses propres doutes. Il revient à ce questionnement fondamental : pourquoi suis-je en médecine? « Je trouve que c’est une réflexion qu’on n’a pas souvent. On entre en médecine, oui parce que ça nous tente, mais souvent c’est un chemin vers lequel on a été fortement encouragé. On est bons à l’école, on aime les gens, on se dit : “Je pourrais aller en médecine” et tout le monde nous soutient. Quelque part dans le parcours, tu peux perdre la raison pour laquelle tu fais ça. »

Pour Dre Moore, le choix de la médecine familiale a toujours été clair. « Mais je voyais mes amis faire leur résidence dans d’autres spécialités et ce n’était vraiment pas facile. Je me demandais : “Pourquoi ils s‘imposent ça? Qu’est-ce qu’ils vont tant chercher comme satisfaction personnelle ou comme reconnaissance pour se faire endurer ça?” Je trouve que c’est là-dessus que le personnage de Roy évolue dans sa pensée. » Non seulement sa vie d’interne lui devient insupportable, mais il n’a pas non plus l’impression d’aider ses patients. Ce sacrifice incessant, dont il ne tire aucun bénéfice en retour – et n’en voit pas beaucoup plus dans le futur, s’il se réfère aux modèles de patrons qui lui sont offerts –, le poussera à s’en aller vers une spécialité qui lui convient davantage.

Un des premiers aspects sur lesquels il s’est senti aliéné, c’est sur celui de sa relation avec les personnes âgées. C’est d’ailleurs grâce à une innovation linguistique à ce propos que le roman a probablement le plus marqué l’imaginaire populaire, à travers le terme de « gomer » utilisé pour les décrire.  « “But gomers are not just dear old people,” said Fats [un résident, surnommé Fat Man ou Fats]. “Gomers are human beings who have lost what goes into being human beings. They want to die, and we will not let them. We’re cruel to the gomers, by saving them, and they’re cruel to us, by fighting tooth and nail against our trying to save them. They hurt us, we hurt them.” » Et Roy, avec le recul d’un voyage en France et de quelques semaines d’éloignement de l’hôpital, en dit la chose suivante : « For before the House of God, I had loved old people. Now they were no longer old people, they were gomers, and I did not, I could not love them anymore. »

C’est ce mot qui a fait découvrir le roman à Dre Moore. Elle appréciait à l’époque les publications du Gomer Blog – site Web et page Facebook à découvrir – , qui rassemble des articles scientifiques bidons dans un but humoristique. « Je me suis demandé c’était quoi “gomer”, et c’est en lisant là-dessus que je suis tombée sur le livre. » Un autre grand héritage du roman, c’est celui des treize lois, dont les classiques « Gomers don’t die », « Gomers go to ground » et « If you don’t take a temperature, you can’t find a fever ». Dre Moore a justement parlé du livre à un collègue la semaine avant l’entrevue et, même s’il ne l’avait jamais lu, il avait entendu parler des lois en question. Lui est-il arrivé de recommander le livre? « Je l’ai recommandé, mais est-ce qu’il y a des gens qui l’ont vraiment lu? Je n’ai jamais eu de retour. » Elle l’a plutôt recommandé à des gens de son niveau qu’à des externes et des résidents, pour la simple et bonne raison qu’elle en a davantage parlé à des amis qu’en contexte professionnel. « Je dois t’avouer que je l’avais un peu oublié, mais quand tu m’as sollicitée, j’ai tout de suite pensé à ce livre-là, et en le relisant, je me dis qu’il faudrait que tout le monde le lise. »

Pourquoi? « Ça vient normaliser, ça vient autoriser… On dirait que de lire ça, je me suis dit : “OK, je ne suis pas la seule à avoir déjà pensé ça, à avoir déjà réagi comme ça.” Ça m’a rassurée de me dire que quelqu’un, aux États-Unis, il y a 40 ans, avait déjà réagi de la même façon que moi face à ces réalités-là. » Même le fait de le lire rétroactivement peut procurer un certain soulagement par déculpabilisation. « On déchante complètement quand on commence l’externat. On s’est fait une image du médecin, quand on est à l’école on continue d’imaginer ce qu’est la médecine avec ce qu’on apprend dans les livres, et quand on arrive à l’externat, on a un “reality check” qui nous happe. » D’où l’identification avec le personnage du roman : « Je me souviens m’être sentie comme ça : toute cette fatigue qu’on ressent, qui amène des comportements, des pensées envers les patients et le système qu’on n’aurait jamais pensé avoir. Je ne m’imaginais pas, dans la vie, un jour, ne pas aimer un patient. Tu ne deviens pas médecin pour ça, tu deviens médecin pour aider les gens. » Elle propose une hypothèse sur la raison d’une partie de ce possible désamour : « C’est souvent plus par sentiment d’impuissance, par frustration de ne pas pouvoir les aider. C’est ça que l’auteur illustre bien dans le livre avec les “gomers”. “OK, je ne veux pas m’occuper de ces personnes-là” : c’est comme ça que les externes le disent, ils veulent justement qu’ils sortent de l’hôpital. » Mais ces pensées, troublantes parce que contradictoires avec la mission qu’un médecin se dit être la sienne, ne disparaissent pas pour autant si facilement : « Il faut prendre conscience de ce sentiment-là et le confronter pour continuer, ne pas faire comme si ça n’existait pas. »

Ce changement se manifeste de façon particulièrement brutale pour Roy lors d’une visite chez son grand-père, au cours de laquelle il se fait la réflexion suivante : « How much my grandfather had gone through, and how little was left for him now. He would turn into a gomer. I knew, even better then he, where the ride from the nursing home would end. An ominous thought came to me: as he began to get demented, I’d visit him in the home, a syringeful for cyanide like a bar of candy in my pocket. He wouldn’t be a gomer, no. » Ou encore, à propos d’une patiente : « I was surprised to hear myself cursing under my breath as I resuscitated her, “I wish she would die so I could just go to sleep,”, and I was shocked when I realized that I’d just wished a human being dead so I could go to sleep. Animal. » Mais là aussi, constater ces pensées et en avoir honte ne suffit pas. Le travail pour les accepter, en comprendre la source et les diminuer est obligatoirement de longue haleine.

The House of God reste-t-il toujours aussi pertinent 40 ans après sa publication? « Ça va rester pertinent longtemps, ce sont des concepts universels. Autant la médecine évolue – la technologie, les traitements, les connaissances –, autant à la base, ce qu’on fait, c’est d’établir un contact avec un autre être humain. Peu importe l’époque, ça va rester l’essence de notre travail, et les émotions, les réactions que ça suscite vont toujours rester pareilles. »

Une autre constante du roman, en parallèle de cette obsession pour le vieillissement et la mort, est son exposition d’une sexualité débridée : « The fantasy ends with the young patient dead and all of us consoling ourselves in sex on the blood-slippery floor, singing as we rocket toward orgasm. » Mais la pratique n’est jamais bien loin de la réflexion médicale, voire est alimentée par elle : « I was having a fantastic time making love to two women on the same day, enjoying the way that I could separate which aching muscle group went with which woman’s moves. » Est-ce nécessaire au roman, selon Dre Moore? « Ils sont confrontés aux corps dans toute leur laideur, leurs souffrances, leur vieillissement, donc pour eux c’est une façon de purger ça et de voir le corps d’une façon plus belle et agréable par l’érotisme et la sexualité. » Cet aspect pourrait peut-être même lui apporter un supplément : « Ça démontre toute l’intensité de l’expérience qu’ils vivent, c’est-à-dire que leur monde au complet est éclaté. Ça illustre un peu comment, à cause de la médecine, on peut perdre le contrôle et devenir excessifs dans notre vie personnelle aussi. »

The House of God reste-t-il toujours aussi pertinent 40 ans après sa publication? « Ça va rester pertinent longtemps, ce sont des concepts universels. Autant la médecine évolue – la technologie, les traitements, les connaissances –, autant à la base, ce qu’on fait, c’est d’établir un contact avec un autre être humain. Peu importe l’époque, ça va rester l’essence de notre travail, et les émotions, les réactions que ça suscite vont toujours rester pareilles. » Probablement même que cette distance apportée par quatre décennies permet de réaliser que finalement, le fonctionnement du système d’éducation médicale et la place des personnes âgées dans les soins de santé n’ont pas autant évolué qu’on pourrait le penser.

Pour terminer l’entrevue, je demande à Dre Moore de résumer en une phrase la raison pour laquelle elle considère que tout étudiant en médecine devrait lire The House of God. « L’important, c’est vraiment que le roman permet de s’admettre à soi-même autant qu’aux autres les sentiments pas toujours beaux que suscitent les patients et les situations auxquelles on est confrontés en médecine. » Le tout fait avec un humour que mes citations ont pu mal rendre, mais qui est absolument savoureux, et qui mériterait à lui seul qu’on lise le roman. Parce qu’un ami est aussi là pour ça : pour dédramatiser certaines situations en en faisant rire un coup.


Frédéric Tremblay
Étudiant en médecine de 3e année
Université de Montréal (campus Montréal)

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