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Serge Keverian: médecine familiale et leadership

Serge Keverian: médecine familiale et leadership

La médecine de famille n’est plus un plan B pour un nombre grandissant d’étudiants et d’étudiantes en médecine tous aussi passionnés les uns que les autres et Serge Keverian, finissant de l’Université de Sherbrooke, fait partie de cette nouvelle génération. Son implication de longue date en politique étudiante, depuis le début de son baccalauréat en sciences environnementales, cheminement Honors, à l’Université Concordia jusqu’à la toute fin de son doctorat en médecine à l’Université de Sherbrooke, fait de lui un de ces futurs médecins pour qui la médecine est aussi synonyme d’engagement communautaire. C’est avec l’objectif de redonner à sa communauté que Serge se dirige vers une résidence en médecine de famille à l’UMF de Charles-Lemoyne, affiliée à l’Université de Sherbrooke, dès juillet prochain.

Nina Nguyen (NN) : Plusieurs ne sont pas surpris par ton choix de la médecine de famille en tant que spécialité. À part le désir de continuer à t’impliquer dans ta nouvelle carrière, quelles sont les autres raisons qui ont motivé ton choix pour cette spécialité ?

Serge Keverian (SK) : J’ai toujours eu un intérêt pour la médecine, même jeune, mais je ne pensais pas pouvoir être accepté, ou même appliquer, dans le programme. Avec le temps, surtout durant mon parcours universitaire, j’ai acquis plus de confiance en moi à travers mes résultats académiques et mes implications communautaires, ce qui m’a permis de me donner la confiance d’appliquer en médecine. Le contact direct avec le patient m’a toujours intéressé, et c’est ce qui m’a mené jusqu’à la médecine de famille. La polyvalence [de la spécialité], qui me permet de m’impliquer dans plusieurs milieux, que ce soit en hôpital ou en bureau, est aussi attrayante. Ce qu’il y a de plus beau avec la médecine de famille, c’est l’incertitude qui est toujours présente et la diversité des cas que l’on voit. C’est très déstabilisant, et c’est cette déstabilisation qui me plaît beaucoup et qui me garde alerte et compétent en tant que futur médecin.

NN : En tant que président de la Fédération médicale étudiante du Québec (FMEQ) cette année, tu as été très présent sur la scène publique, notamment pour porter la voix des étudiants et des étudiantes en médecine qui s’opposent en bloc au projet de loi 20. Est-ce qu’il y a aussi un côté social qui t’attire en médecine de famille ?

SK : La diversité en médecine offre la possibilité de s’impliquer dans plusieurs autres domaines, comme la santé communautaire, la recherche, l’administration et l’enseignement, mais c’est l’appréciation apportée (sic) par les patients qu’on rencontre qui est valorisante. En médecine familiale, on a le privilège d’avoir une relation directe avec nos patients et, quand ils sont heureux de nos services, ça reflète la qualité de la relation qu’on a établie avec eux mais aussi celle des soins qu’on a prodigué.

La médecine familiale, ce n’est pas un plan B. La définition d’un médecin de famille, c’est un médecin compétent, passionné et impliqué dans sa communauté. Le projet de loi 20 a beaucoup laissé faire croire que ce n’est pas le cas, ce qui est dommage, d’où l’importance de choisir des candidats qui sont réellement passionnés.

NN : On comprend donc que la médecine de famille représente un défi à la mesure d’un étudiant qui a toujours été habitué d’être impliqué à plusieurs niveaux au cours de ses études. Comment ces différentes expériences ont-elles été formatrices pour une future carrière en médecine de famille ?

SK : Un médecin de famille doit, avant tout, avoir une bonne capacité à communiquer et à collaborer avec des intervenants et des patients. Ce sont des habiletés qui ont été acquises à travers plusieurs implications que j’ai réalisées. Le travail en équipe aussi [est important]—oui, on est seul à seul avec le patient, mais on travaille en équipe avec lui pour donner des soins de qualité. Durant trois de mes quatre années à Concordia, j’ai été impliqué, tout comme durant les quatre années à Sherbrooke—ça fait sept ans d’implication étudiante, mais je ne vois pas ça comme une obligation.

Serge Keverian, étudiant vedette, avril 2015Je me suis impliqué la première fois par hasard : ce sont des collègues qui m’ont motivé à appliquer pour un poste dans une association étudiante de géographie. Par la suite, être impliqué m’a motivé à aller à mes cours, à m’impliquer plus dans ma communauté—c’est ce sentiment d’appartenance à ma faculté qui m’a permis de grandir en tant que personne, et c’est ce qui me motive à continuer. Au courant de mes années en médecine, je cherchais différents défis et je voulais rester impliqué dans diverses associations. C’est donc une suite logique, mais ce que j’ai apprécié le plus, c’est être impliqué au niveau local, autant en tant que président de promotion que de l’AGÉÉMUS (NDLR : Association générale des étudiantes et des étudiants en médecine de l’Université de Sherbrooke). Le plus gros bénéfice, c’est la valorisation apportée par les tâches et l’appréciation de mes collègues.

NN : Avec toutes ces habiletés et ces expériences en poche, tu désireras probablement rester impliqué malgré une carrière professionnelle à développer. Cependant, aurais-tu d’autres intérêts que tu voudrais continuer à poursuivre ?

SK : Évidemment que ce sera important de continuer d’être impliqué dans mon milieu, dans ma communauté. Que ce soit à travers l’enseignement, l’administration ou l’implication dans des associations, je sens que je vais pouvoir m’impliquer d’une façon ou d’une autre. Je ne sais pas exactement comment sera ma pratique médicale, mais tous les aspects de la médecine familiale m’intéressent en ce moment.

Sinon, l’environnement reste toujours dans mes intérêts personnels et je veux chercher à savoir comment l’intégrer dans ma pratique. Pour l’instant, c’est plus un hobby : je participe à des conférences de santé mondiale, je lis des articles et je continue de suivre les tendances dans le domaine. J’ai toujours un intérêt pour l’environnement, la climatologie et les sciences—et je continuerai toujours—mais c’est certain que le défi, c’est de l’intégrer dans ma pratique.

NN : C’est très motivant—et rassurant—de voir que la médecine de famille te permettra de te développer professionnellement et personnellement. Cependant, ce n’est pas ce que pensent un bon nombre d’étudiants et d’étudiantes en médecine : qu’est-ce qui pourrait les intéresser davantage à la médecine de famille ?

SK : C’est une bonne question. Le plus important, c’est d’avoir des modèles de rôle présents parmi nous durant notre parcours d’étude. C’est important d’avoir des médecins de famille qui enseignent, qui dirigent des APP (NDLR : séances d’apprentissage clinique en petits groupes), afin de nous exposer à des modèles et de nous donner un premier aperçu de la médecine familiale. C’est certain qu’avec le projet de loi 20 [si adopté], ça pourrait donner un ton plus négatif à une carrière en médecine familiale, mais c’est important de continuer notre travail de valorisation. On a fait beaucoup de chemin depuis cinq, dix années, surtout grâce au comité de valorisation de la médecine familiale qui a été mis en place (NDLR : comité qui serait dissout par le projet de loi 20 si entériné).

NN : Y aurait-il d’autres façons de rehausser l’attrait de la médecine de famille, en plus des efforts de valorisation soutenus ?

SK : En plus d’avoir plus de modèles de rôle, c’est aussi important d’avoir des candidats qui se dirigent en médecine familiale et qui veulent réellement pratiquer la médecine familiale. La médecine familiale, ce n’est pas un plan B. La définition d’un médecin de famille, c’est un médecin compétent, passionné et impliqué dans sa communauté. Le projet de loi 20 a beaucoup laissé faire croire que ce n’est pas le cas, ce qui est dommage, d’où l’importance de choisir des candidats qui sont réellement passionnés.

Sans aucun doute, Serge est probablement l’un de ces candidats réellement passionnés qui seront déterminés à redonner les lettres de noblesse à la médecine de famille. Malgré un parcours qui aura été un peu plus long et atypique que celui de l’étudiant typique admis en médecine au Québec et une barrière linguistique non négligeable lors de sa propre admission, l’avenir s’annonce désormais plus prometteur.

Merci à Serge Keverian pour sa collaboration lors de l’élaboration de cet article, surtout en pleine période d’études pour l’examen terminal du Conseil médical canadien.

Nina Nguyen, équipe 2014-2015Nina Nguyen
Rédactrice en chef, Première Ligne
Étudiante en 3e année, Université de Sherbrooke

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