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Visiter nos patients à domicile : un service essentiel!

Visiter nos patients à domicile : un service essentiel!

Le temps d’attente pour décrocher un rendez-vous chez un médecin de famille demeure un enjeu de taille pour les patients et une problématique avec laquelle l’omnipraticien doit travailler au quotidien. Effectivement, les listes d’attente de patients orphelins s’allongent et les jeunes médecins ressentent une pression indue afin de pallier à ce manque d’accessibilité aux soins de première ligne. Heureusement, les cliniques réseau, le travail d’équipe en GMF avec d’autres professionnels de la santé et surtout l’accès adapté rendent cette mission de plus en plus possible, mais il faut cependant rester vigilant.

Pendant un stage, j’ai eu la chance de côtoyer Dre Louise Thibault, médecin de famille polyvalente et responsable d’un GMF à Laval. J’ai alors pu constater qu’il existait des listes d’attentes laissées pour compte, en particulier celle permettant l’accès aux soins à domicile, service indispensable voire essentiel pour des patients qui ne peuvent pas se permettre d’attendre…

Permettre aux patients de rester chez eux ou de terminer leur vie dans le confort n’a pas de prix : être entourés des gens qu’ils aiment, des sons et même des odeurs qui leur sont familières. Ils n’ont pas à partager leur intimité avec des inconnus et ont droit à des soins de qualité hors de l’hôpital.

Cela s’explique en partie par les nombreuses tâches et obligations (prises en charge, suivis, cliniques spécialisées, etc.) qui incombent aux médecins de famille. Peu d’entre eux pensent trouver le temps nécessaire pour fournir des soins à domicile en plus de leurs nombreuses responsabilités quotidiennes au bureau, à l’hôpital ou au CLSC. Les visites à domicile sont souvent perçues à tort comme un fardeau supplémentaire dans un horaire déjà bien chargé et ces patients des plus vulnérables, incapables de venir consulter au bureau, sont référés au service médical du soutien à domicile du CLSC qui les met sur une liste d’attente interminable.

On ne peut assez mettre assez d’accent sur l’importance capitale de ce service. Les patients qui en bénéficient sont atteints de conditions médicales sérieuses et sont sélectionnés minutieusement par les infirmières des CLSC ou des intervenants « pivots » : des patients atteints de cancers métastatiques en phase terminale, de conditions dégénératives telles que la SLA qui nécessitent des lieux physiques adaptés et un suivi rigoureux, des patients isolés qui n’ont pas les moyens ou la santé de se déplacer, des patients en soins palliatifs, etc. La gratitude qu’ils éprouvent est infinie et chaque visite du médecin atténue un peu leurs souffrances. Permettre aux patients de rester chez eux ou de terminer leur vie dans le confort n’a pas de prix : être entourés des gens qu’ils aiment, des sons et même des odeurs qui leur sont familières. Ils n’ont pas à partager leur intimité avec des inconnus et ont droit à des soins de qualité hors de l’hôpital. Par ailleurs, d’autres avantages non négligeables sont à considérer : désengorgement des CHSLD et des hôpitaux, diminution des couts associés aux soins de santé, connaissance des patients dans leur milieu de vie et évaluation de leur autonomie, etc. Aussi, un suivi optimal est possible grâce au travail d’équipe (ergothérapeute, physiothérapeute, travailleuse sociale, infirmière) et chacun est un atout de taille!

Alors, pourquoi les médecins ne font pas plus de soins à domicile ? La dynamique est en train de changer et de plus en plus de médecins en font. La prise en charge des patients à domicile nécessite une organisation efficace du travail, incluant la participation d’une équipe interprofessionnelle. Les équipes de soins à domicile des CLSC sont très aidantes à cet égard.

Les différents modes de facturation des soins font en sorte que cet aspect de la pratique devient intéressant, que ce soit par l’entremise de la rémunération mixte, pour ce qui est de la facturation à tarif horaire ou à honoraires fixes, ou grâce à la nouvelle nomenclature de la rémunération à l’acte. Et les divers forfaits de prise en charge découlant de l’inscription de patients ne sont pas négligeables non plus. De plus, chaque patient suivi à domicile compte pour 12 patients inscrits au GMF! Et l’on sait que le programme de soutien des GMF (en argent et en nombre de professionnels attribués) se fait en fonction du nombre d’inscriptions pondérées.

Cette nouvelle manière de facturer pourrait donc permettre à chaque médecin de suivre ses propres patients à domicile sans conséquences monétaires! Cela assurerait un suivi beaucoup plus complet et pertinent pour ces patients extrêmement vulnérables qui garderaient le lien privilégié qu’ils ont avec leur docteur. Chaque médecin, seul ou en équipe de GMF selon les intérêts de chacun, devrait avoir la responsabilité de suivre ses propres patients « jusqu’au bout » et ainsi assurer une continuité de soins.

Selon Dre Thibault, qui fait des soins à domicile depuis plus de 25 ans, il est possible de trouver du temps pour aller visiter SES propres patients et d’ainsi permettre un changement remarquable au niveau du temps d’attente pour les patients orphelins et pour les patients qui ont déjà un médecin de famille.

Finalement, l’accessibilité passe par le fait d’être un médecin disponible pour voir le BON PATIENT (celui qui en a vraiment besoin), au BON ENDROIT (pas nécessairement au bureau ou à l’urgence!) et au BON MOMENT (début des symptômes), permettant ainsi de faire de la vraie médecine d’intervention, à la fois efficace et tellement intéressante!

Tant les médecins que les dirigeants en place doivent travailler de concert afin de trouver des solutions pratiques pour rendre accessibles ces soins indispensables. Le patient doit être au centre de nos préoccupations et chaque médecin de famille devrait participer à rendre accessible ces soins à domicile qui s’inscrivent, à mon humble avis, dans la lignée du plus grand respect du patient et surtout de la dignité humaine.


Marie-Adèle Hacala
4e année de médecine, Université de Sherbrooke

 

 

* Cet article a été corrigé selon l’orthographe rectifiée de 1990 (aussi appelée « nouvelle orthographe recommandée »).

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