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Stage SARROS : De la ville à la région  

Stage SARROS : De la ville à la région  

Je m’appelle Anne-Gabrielle et en toute honnêteté, dans mon court parcours universitaire, je n’avais pas encore considéré la médecine familiale. Je suis étudiante de deuxième année à l’Université Laval et je ne peux pas me le reprocher : durant notre formation, nous sommes très peu exposés à cette pratique. C’est bien vrai : nous avons des cours sur tout, de la gastroentérologie à la cardiologie, en passant par la pneumo et la néphro, éventuellement de pédiatrie, de gériatrie, de gynéco… mais à quel moment la médecine familiale est-elle valorisée? À quel moment les différentes avenues qu’elle offre, de la ville jusqu’à la région, comme l’obstétrique, l’urgence, l’hospitalisation et la recherche sont-elles présentées?

C’est pourquoi j’ai décidé de faire un stage SARROS de quatre semaines pendant l’été suivant ma première année de médecine dans le CSSS de Kamouraska, plus précisément à l’hôpital de La Pocatière. Suite à cette opportunité unique, je ne peux m’empêcher d’avoir la pensée suivante : tout étudiant en médecine souhaitant pratiquer près du patient, tout en se dépassant constamment, devrait du moins se renseigner sur la médecine de famille, voire la considérer comme une possible carrière. J’en suis venue à la conclusion, bien malgré la fille de ville que je suis, que la médecine familiale en région représente un « gros lot » de la médecine : une proximité unique avec les patients, la présence d’une confiance mutuelle, la nécessité d’une grande débrouillardise et d’un jugement critique irréprochable. Les médecins de famille m’ont impressionné. Ils sont humains, bienveillants, attentionnés : ils sont souvent le premier (et parfois, le seul) contact du patient avec la médecine et sont ainsi en grande partie responsables de la perception de la population envers la profession. Ils visent à être le plus renseignés, érudits et à jour possible, car ils sont souvent l’unique lien entre les dernières avancées scientifiques en matière de santé et leurs patients. Ils ont à cœur le bien-être de ces derniers parce que c’est leur métier, mais aussi car ils connaissent leur mère, leur père, leurs frères et sœurs et savent mieux que quiconque l’importance de la santé et les impacts de celle-ci sur toute une famille – et sur son bien-être.

C’est dans ces villes et villages que j’ai connu ce qu’est l’entraide pure et sincère.

La croyance populaire sur les bancs d’école de la médecine veut que la médecine de famille ait comme premier (voire, tristement, unique) mandat la prévention des maladies et la promotion d’une bonne santé, de l’activité physique, du fait de manger des légumes… Or, qui s’assure du suivi des patients polymorbides ayant besoin de consulter plusieurs spécialistes à la fois? Qui, dans les régions de cette province, en majorité, gère des crises cardiaques, des propos suicidaires, des déficits cognitifs soudains chez l’ainé, des chocs septiques et des pneumonies compromettant la vie par pelletées? Ce sont eux, oui. Ils s’occupent des grossesses qui ne sont pas à risque, donnent la vie à ces enfants, admettent à l’étage nos parents, nos amis, nos collègues. Ils prennent soin de nos grands-parents. Ils sont partout : en CHSLD comme en maison de soins palliatifs.

Mon stage était tout à fait révélateur. J’ai connu une région que je n’avais jamais visitée auparavant. SARROS m’a offert une opportunité en or en me permettant cette observation clinique, oui, mais également en me permettant de visiter le Québec : les paysages du Kamouraska étaient à couper le souffle. L’air des régions est bon. Les activités de plein air, en été comme en hiver, se multiplient. Les produits du terroir sont frais et gouteux : rien à voir avec les produits retrouvés dans les supermarchés des villes. Tout le monde se connait. Tous veillent les uns sur les autres. Les gens se sourient. C’est dans ces villes et villages que j’ai connu ce qu’est l’entraide pure et sincère. Quand je repense à cette expérience, à ces 4 semaines intenses, mais enrichissantes, où j’ai été accueillie à bras ouverts dans le Kamouraska, un mot précis me vient en tête : authenticité.

Ce n’est pas mentir, ou exagérer, de dire que ce stage m’a renversée. Il a suffi de ces 4 petites semaines pour me donner la conviction que la médecine de famille est une profession des plus nobles. Je pense aussi fortement que chacun d’entre nous, en tant qu’étudiant en médecine, devrait prendre la peine de s’exposer à ce métier, sous toutes ses facettes, afin de se renseigner sur la réalité de la pratique avant de la retirer de la liste des carrières envisageables. Même si, du haut de vos quelques années de préclinique, vous vous dites que la médecine familiale, ce n’est pas pour vous. Même si vous êtes convaincus de votre spécialité depuis le jour où vous avez été accepté. Faites un stage en médecine de famille avant l’externat. Essayez. C’est une profession tout à fait inspirante.

Anne-Gabrielle Dubé
Étudiante de 2e année, Université Laval

 

 

* Cet article a été corrigé selon l’orthographe rectifiée de 1990 (aussi appelée « nouvelle orthographe recommandée »).

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